"It was the best of times, it was the worst of times..."
Charles Dickens. A Tale of Two Cities.


vendredi 31 octobre 2008

So schmeckt Berlin


Me voici donc on the road again. Sitôt quitté Lausanne, en se dirigeant vers Fribourg, vers le nord, c'est un paysage couvert de neige qu'on découvre. Les journaux alémaniques en ont fait leurs gros titres, à commencer par cet exemplaire du Bund de Berne laissé par quelque voyageur dans mon compartiment: jamais ces dernières années la neige n'était tombée si précocement et si abondamment en Suisse. Au point, paraît-il, que le trafic ferroviaire en était complètement désorganisé hier, et qu'on ne comptait plus les trains en retard dans la ponctuelle Helvetia. Tout est blanc jusqu'à Bâle, à quoi s'ajoutent des bancs de brouillard çà et là dans les vallées. Les rares vaches qu'on a laissées brouter ont ainsi l'air de moines méditant sur l'inconsistance de l'ici-bas.
Et me voici donc à Berlin à 19 h 25 ce soir. Ah, abandonnez tous vos préjugés sur le militarisme prussien. Une fois de plus, je me dis que Berlin a quelque chose de méditerranéen. Le chauffeur du taxi que je prends pour me rendre à ma pension de Meininger Strasse est plus bavard que le plus bavard des Romains.
Voici la pension, voici ma chambre. Pour 31,50 euros par nuit, on a une chambre des plus fonctionnelles: un lit, un lavabo, une penderie, une table en pin depuis laquelle j'écris. Les douches sont à l'étage, le WI-FI est gratuit. Après avoir laissé mes bagages, j'erre dans le quartier (Meininger Strasse est une rue transversale de Luther Strasse) en quête d'un endroit pour manger un bout. Voici une taverne de quartier. Une nouvelle loi allemande interdit de fumer dans les lieux publics tout comme en France, mais dans cette taverne apparemment tout le monde s'en contrefout. La clientèle, où toutes les catégories sociales semblent se mêler, se compose pour l'essentiel de gens de plus de 40 ans, presque tous des habitués. L'endroit a ce je ne sais quoi de culotté comme une pipe qui fait qu'on s'y sent bien. Les murs sont lambrissés jusqu'à hauteur d'homme. Des dizaines d'horloges de cuisine accrochées au-dessus du comptoir marquent l'heure. La radio diffuse des tubes des années 60 et 70, dont Follow me, cette chanson des Genesis qui faisait fureur il y a trente ans en Allemagne, alors que j'étais en séjour linguistique à Seseen, dans la Forêt Noire. Je mange une Wiener mit Brot et bois de la Berliner Kindl, la pilsener d'ici, qui est tout à fait légère, à 1,70 euro la pinte. So schmeckt Berlin. ("C'est le goût de Berlin", slogan qui figure sur les dessous de verre publicitaires en carton de la Berliner Kindl, justement).

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