"It was the best of times, it was the worst of times..."
Charles Dickens. A Tale of Two Cities.


mercredi 22 octobre 2008

Idolâtrie du marché


Je crois qu'il faudrait en finir une bonne fois pour toutes avec l'idolâtrie du marché, qui, de la "main invisible" de l'économie classique au "marché parfait" de Milton Friedman, procède plus de la pensée magique que de la sobre raison empirique. Les partisans inconditionnels du marché sont en plein dans l'idéologie qu'ils dénoncent chez leurs adversaires quand ils prétendent, au mépris des faits, y voir une panacée universelle. Le marché est une institution humaine comme une autre, et comme toutes les autres imparfaite. Il peut à certaines conditions et dans certaines limites présenter des avantages pour la société, mais il doit être subordonné aux impératifs dictés par l'intérêt général.
L'un des arguments les plus sérieux en faveur d'une certaine dose marché, abstraction faite de la dimension proprement économique, concerne à mes yeux la liberté de la presse et la liberté d'expression en général. Rappelons au passage que ces libertés ne sont pas souhaitables seulement par idéalisme mais qu'elles sont nécessaires au bon fonctionnement même de nos sociétés modernes, car une presse indépendante remplit (disons: devrait remplir) une fonction régulatrice de l'exercice du pouvoir. Or il est clair que, dans une société où l'ensemble de l'économie serait administré par l'Etat, quelles que soient par ailleurs les dispositions légales en matière de liberté de la presse, il serait difficile pour ne pas dire impossible à un organe de presse mal vu des gouvernants d'exister, car il serait à la merci de décisions administratives en ce qui concerne sa survie matérielle. D'où la nécessité, sous ce rapport également, d'une dose de marché.

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