"It was the best of times, it was the worst of times..."
Charles Dickens. A Tale of Two Cities.


dimanche 12 octobre 2008

Les ruses de l'histoire


Toujours dans le numéro de The Economist de cette semaine, on trouve cette publicité pour Vuitton que vous avez dû voir ces derniers mois dans des magazines et qui a pour "témoin" Mikhail Gorbatchev. Un dirigeant communiste ayant présidé à la liquidation de l'URSS faisant campagne pour une marque de luxe dans une édition d'un hebdomadaire libéral consacré à une crise majeure du capitalisme, voilà un exemple saisissant du mélange des genres qui a caractérisé notre monde au cours des vingt dernières années.
La photo de la publicité en question nous montre Gorbatchev, accoudé à un gros sac Vuitton, assis à l'arrière d'une limousine par les fenêtres de laquelle on aperçoit en arrière-plan un pan du mur de Berlin. La légende est la suivante: "A journey brings us face to face with ourselves" - "Un voyage nous met face à face avec nous-même". Je ne suis pas certain que, "face à face avec lui même", l'ancien secrétaire général du PCUS, pour lequel j'ai d'ailleurs une certaine affection, ait sujet d'être très fier de sa participation à une campagne publicitaire de ce genre, mais bon, il faut bien mettre du beurre dans les épinards comme disait Marx (ou était-ce Engels?).
"Les capitalistes - disait quant à lui Lénine - nous vendront la corde pour les pendre". C'était compter sans les fabuleuses capacités de transformation dialectique du capitalisme: les capitalistes du XXIe siècle ne vendent pas, mais offrent des articles de luxe à leurs anciens ennemis, et entre-temps ils se débrouillent très bien tout seuls pour fabriquer de leurs propres mains la corde avec laquelle ils se pendront eux-mêmes.

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