"It was the best of times, it was the worst of times..."
Charles Dickens. A Tale of Two Cities.


lundi 6 octobre 2008

Ha ha


Si, comme l'a dit je ne sais plus qui, s'aimer c'est rire des mêmes choses, j'ai bien peur de ne pas aimer le monde dans lequel je vis. Rien ne me déprime plus, en effet, que les comiques attitrés d'aujourd'hui. Quand il m'arrive de tomber par hasard sur le spectacle de l'un d'entre eux à la télévision, et que j'entends le public s'esclaffer en écoutant leurs boutades rances et prévisibles, j'éprouve un étrange sentiment de malaise.
Un sentiment qui n'est pas sans rappeler cette expérience pénible qu'il nous a tous été donné de faire un jour. Je veux parler de cette expérience qui consiste à se retrouver, par quelque hasard malheureux, au beau milieu d'un groupe de gens habitués à se fréquenter, et parmi lesquels l'un fait office de joyeux luron officiel. Vous voici donc à une soirée. La conversation, après quelques banalités affligeantes, est retombée. On se regarde un peu gênés entre convives. Heureusement, notre rigolo de service est là. Tous les regards se tournent vers lui. Sa vis comica, est d'une efficacité confondante. Il n'a pas besoin de former des phrases. Le voici qui prononce un simple mot, et toute la compagnie se met à pouffer. Vous retournez ce mot dans votre tête pour vous efforcer de saisir quelque subtilité qui vous aurait échappée, mais c'est peine perdue. Entre-temps d'ailleurs, notre homme a prononcé un autre mot, tout aussi énigmatique pour vous, et l'assistance s'est mise à glousser de plus belle, certains en ont les larmes aux yeux. Mieux encore, il lui suffit maintenant d'une mimique infime - un haussement de paupière, une esquisse de grimace - pour provoquer l'hilarité générale. Pour ne pas être en reste, vous faites vous aussi ha-ha, tout en regardant discrètement votre montre et en essayant de vous rappeler où vous avez laissé votre manteau.

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