"It was the best of times, it was the worst of times..."
Charles Dickens. A Tale of Two Cities.


vendredi 10 octobre 2008

A propos du racisme ordinaire


Mon billet précédent sur le racisme à l'époque de la Guerre d'Algérie m'a fait, par association d'idées, me ressouvenir des boîtes de chocolat Banania de mon enfance, ces fameuses boîtes qui représentaient un Noir rieur coiffé d'une chéchia rouge à pompon et s'exclamant en petit-nègre "Y'a bon Banania!". C'est incroyable si on y pense, mais ce n'est qu'en 1977 - autrement dit: hier - que la société propriétaire de la marque a cessé d'utiliser ce slogan. En même temps, et cela montre que les choses sont toujours plus complexes qu'il n'y paraît, dans l'intention des concepteurs de cette publicité, il ne s'agissait pas à l'époque de donner une image méprisante des Noirs, tout au contraire. En effet, le produit fut lancé en 1916, c'est-à-dire en pleine Première Guerre mondiale, et la réclame Banania entendait mettre à profit l'image positive dont jouissaient à l'époque aux yeux de la population française les tirailleurs sénégalais qui combattaient aux côtés des poilus dans les tranchées. Ce qui tend à prouver que ce que nous appelons le racisme est un phénomène complexe, et qu'il peut parfois se nourrir des meilleures intentions du monde. Du reste, on le sait, l'enfer lui-même est pavé de bonnes intentions.

Un excellent article de Dominique Raizon consacré à l'histoire de la publicité Banania se trouve sur le site de RFI.

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