"It was the best of times, it was the worst of times..."
Charles Dickens. A Tale of Two Cities.


samedi 11 octobre 2008

Macro-externalité


On sait qu'on appelle externalité négative en économie une transaction entraînant un coût sans compensation pour un agent qui n'est pas partie à cette transaction, ce coût n'étant donc pas pris en compte dans la détermination du prix de la transaction. Un exemple classique d'externalité est la pollution. En l'absence de mesures fiscales ad hoc, ni l'acheteur ni le vendeur d'une voiture, par exemple, ne tiennent compte dans leur transaction du coût externe résultant pour les tiers (ici la collectivité tout entière) des effets polluants de la circulation automobile etc. On a donc de la sorte une situation où, le prix ne reflétant pas le coût réel du bien, le dit bien est en surproduction par rapport à ce que serait l'optimum social, le bénéfice marginal social étant inférieur au bénéfice marginal privé.
Or, d'un point de vue disons méta-économique, on pourrait se demander, comme ça, en passant, si l'économie de marché laissée à elle-même n'a pas, en tant que telle, ses propres externalités, qui éclateraient au grand jour à l'occasion de ses crises récurrentes, et qui ne sont pas prises en compte dans le calcul des coûts/bénéfices relatifs du système capitaliste par rapport aux systèmes alternatifs.
Dans une telle perspective, on pourrait considérer la Seconde Guerre mondiale comme une sorte de macro-externalité du système capitaliste pris comme un tout. Non pas tant parce que, selon une certaine interprétation marxiste (assez peu marxiste à mon avis en ce qu'elle fait la part trop belle aux superstructures), les industriels allemands auraient financé Hitler pour défendre leurs intérêts menacés etc., mais plutôt parce que la Crise de 29, conséquence des dérèglements systémiques de l'économie de marché, aurait créé les conditions économiques et sociales pour que le premier exalté venu soit accueilli comme un sauveur par des populations désemparées.
A travers cette application étendue du concept d'externalité qui peut sembler un peu byzantine, la question que je voudrais poser en fait est la question de l'échelle de comparaison. Quelle échelle de comparaison doit-on adopter pour évaluer de façon pertinente les avantages et les inconvénients respectifs des différentes systèmes économiques et sociaux? A l'échelle des Trente glorieuses, le système fondé sur l'économique de marché se présente sous un jour avantageux (et on remarquera en passant que cela correspond à une période de fort engagement de la puissance publique dans l'économie). Mais à l'échelle du XXe siècle tout entier? Si l'on range la crise de 29 et la Seconde Guerre mondiale dans la colonne du passif?

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