"It was the best of times, it was the worst of times..."
Charles Dickens. A Tale of Two Cities.


dimanche 26 octobre 2008

Tourisme humanitaire

"Défiez-vous des cosmopolites qui vont chercher au loin des devoirs qu'ils dédaignent de remplir autour d'eux. Tel philosophe aime les Tartares pour être dispensé d'aimer son voisin." Je citais ces mots de Rousseau dans mon billet précédent. Et il s'applique particulièrement à tous ces humanitaires qui, sans se douter d'ailleurs bien souvent de ce qu'il entre de néocolononialisme, fût-ce dans une version compassionnelle, dans leurs pratiques, s'en vont prétendument sauver le tiers-monde au volant de leurs 4x4, mais, comme le disent les Psaumes, "ont des yeux pour ne pas voir, et des oreilles pour ne pas entendre" quand il s'agit des multiples formes de misères qui existent dans leur propre pays. Il faut dire que ces associations sont souvent sponsorisées et que donc, si elles devaient s'intéresser de trop près à la politique sociale des entreprises qui les financent, et à ses conséquences sur la vie concrète de leurs employés ou licenciés, elles risqueraient bien vite de manquer de bailleurs de fonds. Mais, au-delà de ça, ce qui m'irrite le plus, c'est de voir des gens qui s'accommodent par ailleurs complètement de notre société telle qu'elle est, y compris ses médias etc., se donner à bon compte une bonne conscience de samaritains en pratiquant ce qui, au fond, n'est qu'une forme de tourisme un peu plus sophistiquée.
Ajoutons à cela cette conviction de bons blancs persuadés de savoir ce qui est bon pour les petits négrillons, qu'ils ne savent jamais voir comme des individus, mais toujours à travers le filtre d'une compassion qui n'est qu'une forme raffinée de mépris. Combien de fois n'ai je pas entendu des Africains exprimer leur révolte au sujet de l'image pitoyable qui était donnée de leur continent à travers l'iconographie des affiches des ONG, comme si l'Afrique était faite uniquement de gens qui meurent de faim etc.

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