"It was the best of times, it was the worst of times..."
Charles Dickens. A Tale of Two Cities.


mercredi 1 octobre 2008

A trop vouloir prouver


Rien ne me semble plus dangereux que de vouloir fonder scientifiquement l'antiracisme ou, pour le dire d'une autre façon, que de vouloir réfuter le racisme par des arguments scientifiques.
C'est en effet une fondation des plus fragiles. Car vouloir prouver par les faits que le racisme n'a pas lieu d'être, c'est accepter l'idée que, dans certaines conditions, à savoir si des différences essentielles entre les différentes ethnies pouvaient être établies, le racisme pourrait s'en trouver justifié.
Certes, la science a fait justice de la notion de race telle qu'elle était utilisée par les théoriciens racistes jusqu'à la Seconde Guerre mondiale, mais qui nous dit que la recherche n'établira pas à l'avenir des constantes entre l'appartenance à telle ou telle ethnie, ou toute autre entité résultant d'un classement des populations humaines selon des critères jugés pertinents, et des caractéristiques cognitives ou comportementales données? Dira-t-on alors que l'antiracisme n'a plus lieu d'être? Que le racisme est justifié?
L'antiracisme authentique ne peut pas avoir son fondement dans l'objectivité scientifique. Il procède d'une décision morale souveraine par laquelle chacun s'accepte et accepte tous ses prochains comme membres d'une famille humaine unique. Et cette décision ne résulte pas d'un raisonnement, mais elle procède d'un acte de foi, au sens le plus fort de ce terme.

Illustration: planche physiognomonique tirée d'un ouvrage de Lavater, célèbre précurseur des théories scientifiques racistes.

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