"It was the best of times, it was the worst of times..."
Charles Dickens. A Tale of Two Cities.


jeudi 23 octobre 2008

Service public


Il est une question au sujet de laquelle la gauche serait bien avisée de se livrer à un examen de conscience: c'est la question des services publics. En effet, il me semble qu'elle a jusqu'à présent trop souvent confondu défense du service public et défense des pratiques corporatistes des fonctionnaires, et que, ce faisant, elle a permis aux pourfendeurs du service public de jouer sur du velours.
Défendre le service public, c'est défendre la vocation de la puissance publique à prendre en charge un certain nombre d'intérêts que la logique commerciale n'est pas à même de satisfaire ; cela n'a strictement rien à voir avec la défense d'un statut privilégié pour les personnes préposées à ces services.
Un fonctionnaire doit certes se voir reconnaître les mêmes droits que les autres travailleurs, mais un fonctionnaire, précisément parce qu'il est appelé à servir le bien public, a avant tout des devoirs. En perdant cela de vue, en plaçant plus haut les intérêts des agents que l'efficacité du service, et en prétendant qu'elle défendait par là le service public, la gauche a certes bien servi les fonctionnaires où se recrute une bonne partie de son électorat, mais elle contribué à discréditer l'idée-même de service public, faisant le lit de l'offensive néolibérale.

Aucune personne de gauche ne peut balayer d'un revers de la main le ressentiment que peut causer à une personne vivant dans la précarité, comme il est tant dans nos pays, l'incurie et la morgue de tant d'employés inamovibles des services publics et parapublics qui conçoivent leur emploi comme une sinécure.
C'est en exploitant ce ressentiment, ne l'oublions-pas, c'est en exploitant ce ressentiment qu'on a pu faire accroire à bien des gens que l'Etat était non pas la solution, mais le problème, pour reprendre un fameux slogan reaganien.
Si nous voulons restaurer la capacité d'intervention de la puissance publique dans nos sociétés, il nous faut absolument éviter ce genre d'erreurs. Il faut donc que la gauche cesse d'être un relais des syndicats de fonctionnaires, et qu'elle se pose même comme objectif d'aligner le statut des employés des services publics sur le droit commun du travail.

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