"It was the best of times, it was the worst of times..."
Charles Dickens. A Tale of Two Cities.


mercredi 22 octobre 2008

La crise et après


La crise que nous vivons actuellement, pour peu qu'on sache exploiter de façon responsable les perplexités qu'elle suscite chez bien des gens, même parmi ceux qui hier encore s'accomodaient des choses telles qu'elles étaient, pourrait être favorable à un rééquilibrage des rapports capital/travail au profit des salariés et à une revalorisation de la puissance publique comme instance garante de l'intérêt général. Quels que soient les objectifs que l'on poursuit sur le long terme, quel que soit l'horizon ultime où l'on porte son regard, je crois qu'il faut se garder à gauche de tout maximalisme et travailler hic et nunc à tout changement susceptible de remédier, même partiellement, aux désordres économiques et sociaux que trente ans de dérégulation ont entraînés. Vouloir que les choses empirent pour qu'enfin les conditions soient réunies pour l'action décisive, bref: attendre le grand soir, comme on disait autrefois, c'est prendre le risque que les choses aient un jour à ce point empiré qu'aucune action, si bien inspirée soit-elle, ne puisse plus y porter remède. Et quand je dis cela, ce n'est pas pour le plaisir un peu futile d'adopter le style prophétique: l'ampleur de la crise que nous vivons actuellement a complètement pris au dépourvu tous les gouvernements et toutes les institutions internationales. Cela veut dire qu'il y a un facteur d'imprévisibilité que personne ne maîtrise dans le système tel qu'il existe, malgré les institutions et les mécanismes mis en place à l'échelle nationale et internationale depuis la fin de Seconde Guerre mondiale. Ce facteur de risque n'est pas une hypothèse, c'est un fait. Ce qui est un fait aussi, c'est qu'une précédente crise du système capitaliste avait conduit directement au nazisme et à cette même Seconde Guerre mondiale. (Et c'est bien la raison pour laquelle les thèses de gens comme Beveridge et Keynes avaient été prises en considération après guerre, en vue d'éviter que cela ne se reproduise ; mais cette relative sagesse s'est perdue entre-temps). Qu'on imagine maintenant, dans un monde où, du fait de l'explosion démographique des dernières décennies, le nombre d'habitants a été multiplié par 4 par rapport aux années 30, dans un monde dont les économies sont devenues interdépendantes à un degré encore inimaginable à l'époque, qu'on imagine quelles pourraient être les conséquences d'une crise économique majeure, d'une dépression profonde et durable, et les formes que pourraient prendre les mouvements politiques qui tenteraient de capter le désespoir qui en résulterait.

4 commentaires:

dievouchka a dit…

PLus ça va et plus je me dis que le communisme à contribuer à geler tout un système : le capitalisme ne peut visiblement pas fonctionner sans modèle concurrent. Le libéralisme triomphant du XIXème a mené au krach de 1929, et le bloc soviétique a freiné l'établissement d'un marché global (tel qu'il pouvait déjà exister au XIXème à l'ère coloniale). Une fois le bloc tombé, les mêmes schémas se reproduisent (sauf que le colonialisme a transmué tout en conservant l'europocentrisme). Le XXème siècle serait-il une parenthèse qui aurait commencé non pas à Sarajevo en 1914 mais devant le palais d'hiver en 1917?

HDF a dit…

En effet, on peut se demander si l'existence d'un système concurrent n'as pas été salutaire en ce sens qu'elle constituait pour le capitalisme une sorte de principe régulateur, faute duquel il s'est retrouvé livré à ses vieux démons. L'impression dominante c'est, en effet, un sentiment de déjà-vu, comme si le XXe siècle avait eu lieu pour des prunes.

dievouchka a dit…

s'il vous plaît en me relisant je vois d'horribles fautes d'orthographe, ce qui m'horripile vraiment chez les autres, mais alors chez moi, paf, c'est vraiment plus que moche. bref seriez-vous assez sympa pour me corriger le "le communisme a contribué"... merci .

HDF a dit…

Chère Dievouchka, je n'ai rien pu faire d'autre pour accéder à votre demande que de publier votre "erratum corrige". N'ayez crainte, de toute façon, la faute était vénielle par rapport à ce qu'on voit ailleurs!