"It was the best of times, it was the worst of times..."
Charles Dickens. A Tale of Two Cities.


mardi 7 octobre 2008

De la Révolution et des chaussures.


Camarades, j'ai une bonne nouvelle à vous annoncer: il existe encore dans la Russie de 2008 une fabrique de chaussures appelée "Commune de Paris", dont les chaussures pour enfants sont paraît-il d'excellente qualité: je le sais parce que mon fils en porte. Sa création remonte loin dans le passé, puisqu'elle eut les honneurs d'un article de Trotski dans l'édition de la Pravda du 16 mai 1923.
Il y rapportait, pour s'en féliciter, qu'une assemblée générale des ouvriers de l'usine venait de voter une résolution contre la grossièreté sur le lieu de travail, qui, entre autres choses, rendait les jurons passibles d'amendes.
La propension du peuple à jurer pouvait se justifier dans le monde d'avant la révolution, nous dit Trotski, où elle exprimait l'amertume des opprimés.
Mais "la révolution est avant tout un réveil de la personnalité humaine dans les masses". "Malgré sa cruauté occasionnelle et la rigueur sanglante de ses méthodes, la révolution est avant tout le réveil de l'humanité, sa marche en avant, et elle se caractérise par un respect croissant pour la dignité individuelle de chaque individu, et un souci toujours plus poussé des faibles."
Aussi les injures et les jurons n'ont-ils plus leur place dans la société nouvelle.
Laissons là Trotski et revenons à notre fabrique de chaussures. Il est quand même incroyable de penser comment une époque se survit dans la suivante par une foule de choses: monuments, bâtiments, objets, et puis, justement, de simples noms, qui ont toutefois le pouvoir d'évoquer tout un monde. Même s'il n'est pas exclu que cette usine ait gardé son nom simplement à cause du pouvoir magique du nom de Paris dans le domaine de la mode et de l'habillement en général.

L. Trotski Problems of Everyday Life, Monad Press, 1973.

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