"It was the best of times, it was the worst of times..."
Charles Dickens. A Tale of Two Cities.


mardi 14 octobre 2008

Philosophie du petit lapin



Quand sa mère doit expliquer à Luca, mon fils âgé de deux ans, pourquoi il doit lui laisser mettre son petit lapin en peluche (dont je vous laisse deviner dans quel état il est après une journée au kindergarten, cantine comprise) dans la machine à laver, elle lui dit que le petit lapin doit prendre une douche. Autrement dit, elle se fonde sur l'expérience vécue de l'enfant pour lui expliquer, par métaphore, la nécessité de laver le petit lapin. Si on y pense, c'est ce que nous ne cessons de faire avec les enfants. Cela m'amène à penser - je ne sais pas si les psychologues du développement ont exploré cette voie, toutes indications de mes lecteurs à ce sujet sont les bienvenues - que c'est par le biais principalement de métaphores successives que se fait le passage du concret à l'abstrait chez l'enfant. La métaphore de la douche du petit lapin opère, pour emprunter une expression au lexique husserlien, une espèce de "variation eïdétique" spontanée (et Husserl dit bien que la variation eïdétique est le fait de la phantasia et non pas de l'entendement). De métaphore en métaphore, l'enfant s'élève donc, par une sorte de dialectique ascendante sui generis, à l'idée du Lavage. A bien y penser, c'est le même processus qu'on retrouve plus tard chez l'adulte. Ce n'est que par des métaphores qu'il est possible de lui rendre sensibles certaines réalités abstraites. Ainsi, pour rester dans le champ sémantique du lavage, tous les rites de lustration des différentes religions ne sont-ils pas des métaphores de la purification spirituelle? Et le baptême n'est-il pas à sa façon, pour la religion chrétienne, une douche de l'âme?

Photo ci-dessus: Luca en pleine variation eïdétique

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