"It was the best of times, it was the worst of times..."
Charles Dickens. A Tale of Two Cities.


jeudi 16 octobre 2008

Troisième tour de stade


Mais, m'objecterez-vous peut-être, en commentant longuement l'affaire des sifflets du Stade de France comme tu l'as fait aujourd'hui et hier, ne te rends-tu pas complice de la manoeuvre de diversion à quoi on a tout lieu de penser que la dite affaire se résume? Histoire de détourner l'attention des problèmes réels du pays, on donnerait en pâture aux médias et aux populations des "événements" factices, dont les gloses interminables occulteraient opportunément les conditions économiques et sociales du pays etc.
Je ne le crois pas. Quelles que soient les visées tactiques du gouvernement dans cette affaire, il n'en reste pas moins que la pratique du pouvoir dont elle témoigne est antidémocratique, et qu'elle doit être dénoncée. Car l'ouverture d'une enquête préliminaire pour outrage à l'hymne national est, qu'on le veuille ou non, des plus alarmantes. Si cette qualification devait être retenue par le parquet de Bobigny à la charge des auteurs des huées et qu'elle donne lieu à des poursuites effectives, c'est à un recul réel de la liberté d'expression dans ce pays que l'on assisterait. Je ne sais pas quel est l'article du code pénal qui prévoit le délit d'outrage à l'hymne national, mais je trouve déjà plutôt inquiétant qu'un tel délit existe, quel que soit mon propre attachement à la Marseillaise. Mais, abstraction faite des considérations sur l'opportunité d'inscrire un tel délit dans le code pénal, je ne crois pas que les conditions soient réunies ici pour que ce délit soit retenu à l'encontre des siffleurs. Si l'autorité judiciaire devait en juger autrement, il y aurait vraiment lieu d'avoir peur pour l'avenir, car rien n'empêcherait dès lors un tribunal de condamner pour outrage au chef de l'Etat (délit prévu par le code pénal, si je ne m'abuse) un groupe de syndicalistes ou d'étudiants qui aurait sifflé le cortège présidentiel à son passage etc. Des perspectives vraiment peu réjouissantes s'ouvrent à nous, comme on le voit, à partir de cette affaire apparemment anodine.

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