"It was the best of times, it was the worst of times..."
Charles Dickens. A Tale of Two Cities.


lundi 13 octobre 2008

Mauvaise presse


Sur le site Internet de l'AFP, la dépêche annonçant la décision prise par la France de ne pas extrader l'ex-membre des brigades rouges Marina Petrella porte le titre suivant : "La fin d'un long combat pour Marina Petrella, autorisée à rester en France". Rien ne me semble mieux manifester la dégradation de notre système d'information qu'un tel titre. Une agence de presse est censée normalement fournir des informations à l'état brut. Bien sûr, cette notion d'information brute est, rigoureusement parlant, un être de raison: il n'existe pas d'information brute, tout récit est toujours déjà une interprétation etc. etc. Mais disons qu'une agence de presse serait idéalement tenue à un effort particulier d'objectivité et de neutralité dans le traitement des informations qu'elle rapporte, ne serait-ce que parce qu'elle fournit leur matière première à des organes de presse d'orientations très diverses. Or on voit ici comment un simple titre de dépêche est déjà imbibé de toutes les conceptions qui sont dans l'air du temps. L'angle d'attaque est décidément subjectif, en ce sens qu'il repose sur l'identification du destinataire de l'information avec l'ex-terroriste. En effet, Marina Petrella nous est présentée comme une victime, qui serait parvenue à obtenir gain de cause, au terme d'une longue épreuve, d'un long combat même, avec tout ce que ce terme peut avoir de valorisant. Je ne dis pas ça parce que j'ai une dent contre elle, d'autant plus que je suis bien conscient du fait que beaucoup de terroristes italiens (ou présumés tels) ont été jugés en application de lois d'exception etc. Mais je pense qu'il n'appartient pas à une agence de presse de trancher implicitement de sa culpabilité ou non et, de façon plus générale, d'insister sur la dimension subjective de cette affaire au détriment d'une exposition sobre des faits. Or, si les informations sont déjà à ce point déformées en amont, au niveau des agences de presse, on peut imaginer ce qu'il en est en aval, dans la presse elle-même, qui en remet une couche.

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