"It was the best of times, it was the worst of times..."
Charles Dickens. A Tale of Two Cities.


mercredi 1 octobre 2008

Des chiffres et des lettres



Il y aurait beaucoup à dire en général sur la façon dont les mouvements les plus divers prétendent fonder sur des faits scientifiques toutes sortes de revendications, et sur l'image mythifiée et très peu scientifique de la Science avec un S majuscule que cela suppose. Je voudrais m'en tenir ici aux mésusages des mathématiques.
J'emprunte une fois de plus mon exemple à la polémique contre l'écologie, dont vous savez que c'est mon dada, mais on pourrait en trouver dans bien d'autres domaines.
On nous rebat les oreilles depuis quelque temps, dans l'idée de ruiner la notion d'une spécificité humaine, de rabaisser notre orgueil anthropocentrique etc., du fait que l'homme partage 99% de son patrimoine génétique avec les grands singes, ce qui tendrait à prouver qu'il n'y pour ainsi dire pas de solution de continuité d'eux à lui. Or ce genre de chiffres ne prouve rien, ni dans un sens ni dans l'autre. On sait que, dans bien des domaines, un changement quantitatif même infinitésimal peut entraîner un changement d'ordre qualitatif. On peut par ailleurs prendre un bloc brut de marbre de Carrare du même poids au gramme près que la Pietà de Michel-Ange et dire que ces deux objets sont à 100% identiques quant à la matière, cela n'empêche pas qu'ils soient radicalement différents sur un autre plan etc.
Il faudrait prévoir de toute urgence dans les écoles des cours d'instruction civico-mathématique, j'entends par là un enseignement des mathématiques conçu en vue de prémunir les futurs citoyens contre les usages rhétoriques des entités mathématiques dans la vie publique. On y enseignerait, en particulier, que les nombres, la plupart de temps, ne font pas sens pris séparément, comme des absolus, mais en tant que termes de rapports, de ratios etc.

Photo: Michel-Ange, Pietà.

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