"It was the best of times, it was the worst of times..."
Charles Dickens. A Tale of Two Cities.


vendredi 24 octobre 2008

Le colonialisme comme poison


Je crois que ce qui distingue le colonialisme européen des XIX et XXe siècle de toutes les entreprises de conquête précédentes de l'histoire humaine, ce n'est pas sa cruauté ni les crimes dont il s'est taché - d'autres peuples se sont rendus coupables de crimes comparables au fil des siècles - mais c'est le fait qu'il a prétendu agir au nom du Vrai et du Bien. Il ne s'est donc pas contenté, comme les conquérants des siècles précédents, de soumettre des peuples entiers et de réprimer dans le sang ceux qui s'y opposaient, mais il a voulu faire croire et se faire croire que cette entreprise était conforme à la science et à la morale. Ces peuples, la science le prouvaient, étaient inférieurs aux peuples européens, ils étaient même dans un état encore proche de l'animalité: il suffit de penser qu'on a pu avoir en Europe à la fin du XIXe siècle des "zoos humains", dans lesquels on exhibait des spécimens de "sauvages" dans leur milieu reconstitué, exactement comme on le fait avec les animaux dans les zoos justement. Cette infériorité scientifiquement démontrée justifiait la sujétion de ces peuples: ceux-ci auraient même dû en savoir gré à l'homme blanc, qui prenait sur soi le fardeau de ces sous-hommes, et se fixait pour tâche de les civiliser, accomplissant ainsi une oeuvre hautement morale.
Cette perversion des valeurs du Vrai et du Bien sur laquelle le colonialisme s'est développé a empoisonné ces mêmes valeurs à un tel point que nous en vivons encore aujourd'hui les conséquences. L'entreprise coloniale a fait de nos valeurs, aux yeux des anciens peuples colonisés comme aux nôtres, un objet de suspicion durable. Le poison du colonialisme, et du mépris de l'homme dont il était fait, a fini par intoxiquer la société elle-même dont il était issu.

Je vous conseille de visiter le site du Musée virtuel de la colonisation et du racisme : http://zoohumain.com/

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