"It was the best of times, it was the worst of times..."
Charles Dickens. A Tale of Two Cities.


mardi 28 octobre 2008

Save Our Soul



Dans un livre paru récemment, Jean-Claude Michéa montre bien comment, peu de temps après le tournant de 1984, qui marquait la conversion de la gauche socialiste à l'économie de marché, c'est Mitterrand lui-même qui, avec un cynisme assez incroyable même pour ceux qui savaient depuis longtemps combien le personnage pouvait être retors à l'occasion, a orchestré la naissance de SOS Racisme, ce afin de fournir à un peuple de gauche désormais orphelin du rêve socialiste une sorte d'idéologie de substitution.
La création de SOS racisme, autrement dit la naissance d'un antiracisme idéologique qui, loin de vouloir réellement contribuer à créer les conditions d'une coexistence harmonieuse entre Français de diverses origines, se nourrit du racisme dans lequel il trouve sa raison d'être, a ainsi correspondu à l'avènement en France d'une nouvelle gauche qui, faute d'être porteuse d'un projet de société alternatif au capitalisme, auquel elle se borne au mieux à vouloir apporter quelques correctifs cosmétiques, a fait des questions dites sociétales son fonds de commerce, consommant ainsi le divorce d'avec les classes qu'elle avait vocation à défendre. Inutile de dire par ailleurs que la droite moderne n'a aucun problème à damner le pion à la gauche sur ce terrain, des questions sociétales, car la composante "ordre moral" et "vieille France" y est maintenant tout à fait minoritaire. Certes, sur les questions d'immigration, Sarkozy s'est livré à quelques gesticulations destinées à complaire à son électorat le plus rigide, mais il faudrait beaucoup d'imagination pour taxer le gouvernement actuel de racisme. Pour ne rien dire des autres "minorités": femmes, gays etc., au sujet desquelles la droite elle-même fait assaut de progressisme, car elle a bien compris que ces questions sociétales permettaient d'occulter la vieille question sociale, que le néologisme "sociétal" avait justement pour fonction de faire passer à la trappe.
Entre-temps, bien évidemment, les conditions de vie des classes populaires, immigrés et autochtones confondus, se détériorent, ce qui contribue entre autres choses à exaspérer des tensions raciales.

Jean-Claude Michéa, La Double pensée - Retour sur la question libérale, Champs-Flammarion.

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