"It was the best of times, it was the worst of times..."
Charles Dickens. A Tale of Two Cities.


samedi 13 septembre 2008

Vague à l'âme


j'ai peut-être été un peu injuste hier avec la Nouvelle vague dans mon article sur Polanski. Rendons-lui justice, et reconnaissons qu'elle a incontestablement contribué à renouveler le cinéma au tournant des années 60. Et j'ai une tendresse certaine pour ses premiers films, quand elle avait justement le jaillissement de la vague et la fraîcheur de la nouveauté ; bref: quand elle était une vague, et qu'elle était nouvelle.
Jules et Jim de Truffaut, bien sûr (je suis moins convaincu par Les 400 coups dois-je dire ; c'est l'un de ces deux films sur l'enfance, avec Zéro de conduite de Vigo, que la critique place très haut de façon injustifiée à mon avis ; de Vigo je préfère de loin L'Atalante).
Et puis, cela va de soi, A bout de souffle. Ah je l'ai vu bien des fois quand j'avais 20 ans, c'est-à-dire il y mille ans. J'ai même tenu, une fois, histoire d'enchanter ma vie, à le faire découvrir à une jeune Américaine dont les cheveux blonds coupés courts évoquaient de loin la coiffure de Jean Seberg ; c'était au "Studio 43", une salle d'art et d'essai mythique du IXe arrondissement de Paris, dont l'on sortait après le film pour aller boire un coup au "Général Lafayette", un magnifique café Art nouveau situé dans le quartier.
Mais revenons à nos moutons, je veux parler des moutons qui se jouaient sur la crête de la Nouvelle vague bien sûr. Et en particulier d'A bout de souffle. Oui, il y a dans ce film, avec ce qu'il a d'ébourifé, de décousu, une réelle fraîcheur, perceptible encore aujourd'hui, mais qui devait l'être davantage encore pour la jeunesse de la France encore corsetée des premières années 60. Et il reste à mon avis, et de loin, le meilleur film de Godard, avant qu'il ne se croie investi du don de prophétie et ne se mette à lire les destinées du monde dans la boule de cristal de l'histoire universelle.

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