"It was the best of times, it was the worst of times..."
Charles Dickens. A Tale of Two Cities.


dimanche 14 septembre 2008

Malraux et moi


Malraux et moi n'avons jamais eu de très bons rapports. Comme toujours dans ce genre de cas, les torts sont partagés mais, autant l'avouer, le problème est plutôt de mon côté.
En fait, je n'ai pu lire pratiquement aucun de ses livres jusqu'au bout. Ils me tombent des mains. La Condition humaine? Zzzzzzzzzzzz. La Voie royale? Zzzzzzzzzzz. Ses ouvrages sur l'art? Pfffffffffffffffff. Je crois bien n'avoir achevé qu'un seul livre de lui: Ces Chênes qu'on abat. Il y a quelque chose dans ce bouquin-là, cette dernière rencontre avec De Gaulle à La Boisserie quelques mois avant la mort de ce dernier, occasion d'une espèce de méditation sur la Grandeur, la Gloire etc. Mais bon, comme d'autres l'ont déjà remarqué avant moi, c'est un copier-coller de la visite de Châteaubriand à Charles X en exil à Prague dans les Mémoires d'outre-tombe. Prenons le reste des Anti-Mémoires, dont Ces Chênes qu'on abat est une espèce de tiré-à-part si je me souviens bien: ce n'est que des "Comme me disait Nehru", "Mao me disait justement", "Ainsi que je le disais à Gandhi". Cette façon de s'ajuster constamment la cravate au miroir de l'Histoire, ça finit par lasser. Je me souviens d'avoir lu dans les mémoires de Kissinger que, juste avant le voyage historique de Nixon en Chine en 1970, comme l'administration américaine se préparait pour ce voyage, on fit venir Malraux qu'on créditait d'une grande connaissance de la Chine. Voici donc Malraux dans le bureau de Nixon, en présence de Kissinger et d'autres conseillers, qui se lance dans de grandes considérations à la Malraux sur la civilisation chinoise, la place de la Chine dans le monde etc. Et Kissinger de conclure que personne n'y avait rien compris, surtout pas Nixon. Bon, on me dira que le fait de ne pas être compris par Nixon n'est pas en soi rédhibitoire....
Enfin voilà, Malraux m'ennuie. Même Malraux cinéaste: parce que le grand critique André Bazin en dit du bien, et parce que je pense beaucoup de bien d'André Bazin, je suis allé voir le film L'Espoir (Sierra de Teruel) quand l'occasion s'en est présentée, l'hiver dernier, à la cinémathèque suisse. Et bien, j'ai un peu honte de le dire, mais je me suis tellement ennuyé, que je me suis tout bonnement endormi à la moitié du film. Et n'allez pas croire que cela m'arrive souvent: c'était seulement la deuxième fois de toute mon existence, et la seule fois que cela s'était produit précédemment, c'était à une projection de Winnie l'Ourson et l'arbre à miel à laquelle j'avais emmené ma fille quand elle avait quatre ans. Non, si vous voulez voir un beau film sur la guerre d'Espagne, allez plutôt voir Land of Freedom de Loach, qui s'inspire librement du très bel Homage to Catalonia d'Orwell.
Pour conclure sur André Malraux, je dirai que je lui préfère Clara Malraux, dont les livres, en particulier bien sûr Nos Vingt ans, beau livre élégiaque où elle raconte leur vie commune, se liront encore avec plaisir dans cent ans à mon avis, quand ceux du Confident de l'Histoire auront définitivement sombré dans l'oubli qu'ils méritent.

P.S.: ça m'embête un peu maintenant d'avoir écrit ça, parce que, tel que je me connais, je vais me dire que j'ai peut-être été injuste, et je vais m'imposer de relire en entier deux ou trois de ses bouquins.

Aucun commentaire: