"It was the best of times, it was the worst of times..."
Charles Dickens. A Tale of Two Cities.


mercredi 10 septembre 2008

Métèque à Paris 2: Kundera


Dans ce même ouvrage dont je vous parlais dans l'article précédent, Kundera raconte quant à lui un épisode assez amusant, façon de dire évidemment, de la reprise en main ayant suivi le Printemps de Prague. Comme la plupart des intellectuels, il avait été chassé de l'université et il ne pouvait plus publier sous son nom. D'où la nécessité de recourir à un prête-nom pour continuer à être publié. "C'est ainsi - nous dit-il - que j'ai écrit sous un faux nom une pièce d'une stupidité absolument révoltante. Mon jeune ami a d'ailleurs reçu un prix pour cette pièce. Nous nous sommes bien amusés. Une fois, ça a fini très mal. J'avais écrit quelque chose de vraiment très bizarre, assez drôle, je dois dire. C'était tellement rigolo qu'on a commencé à en parler, la police s'est emparée de l'affaire, et le prête-nom a été chassé de son emploi et est resté deux ans sans travail. Paradoxalement, c'est moi qui ai dû lui donner de l'argent pour qu'il puisse vivre."
Kundera fait également des remarques très intéressantes sur sa condition d'écrivain appelé à n'être lu qu'en traduction (n'oublions pas que l'entretien est de 1978, et qu'à cette époque non seulement Kundera, écrivain en exil, ne pouvait pas être publié en Tchécoslovaquie, mais il pouvait même penser de façon tout à fait plausible que jamais de son vivant ses livres ne paraîtraient dans son pays). Cela le force, dit-il, à éviter autant que faire se peut les mots sémantiquement flous qui pourraient dérouter ses traducteurs. Un effort de clarté bénéfique sous certains aspects, mais qui a pour contrepartie évidemment une certaine froideur de l'écriture, le pouvoir d'envoûtement du langage étant souvent lié à une certaine imprécision.

Lise Bloch-Morhange et David Alper, Artiste et Métèque à Paris, Buchet-Chastel, 1980.

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