"It was the best of times, it was the worst of times..."
Charles Dickens. A Tale of Two Cities.


jeudi 18 septembre 2008

Mon manifeste


Je ne me suis réveillé que récemment de ce que j'appellerais mon "sommeil antitotalitaire", comme Kant parlait de son "sommeil dogmatique".
Il sera vraiment dit qu'on a toujours en politique une lutte de retard, et qu'on combat les fantômes d'hier quand les dangers d'aujourd'hui sont pourtant sous nos yeux. Pétri de pensée antitotalitaire, je m'étais habitué, au cours des vingt dernières années, à voir dans toute critique un peu radicale de nos démocraties le germe possible d'une nouvelle forme de totalitarisme, sans m'apercevoir que ces mêmes démocraties étaient en train, sous mes yeux., de se vider de leur substance. Or, je m'en aperçois maintenant - mieux vaut tard que jamais, - cette synthèse précaire de l'esprit libéral (dans l'acception politique du terme) et d'un certain souci de justice sociale, que les pays européens étaient parvenus tant bien que mal à réaliser dans les années d'après-guerre, elle s'est réduite comme peau de chagrin de jour en jour au cours des trois décennies qui viennent de s'écouler.
Et sur les deux fronts: aussi bien sur le front des libertés, que sur celui de la justice sociale - les deux choses étant liées par ailleurs puisque les grands groupes industriels que l'on voit pratiquer, avec les conséquences que l'on sait, une politique mue par le seul souci de la rentabilité à court terme contrôlent également, de façon directe ou indirecte, les grands organes de presse et les maisons d'édition, ce qui leur permet d'empêcher à toute pensée tant soit peu critique à l'égard de leur domination de s'exprimer, si ce n'est dans des petites publications périphériques à l'audience minuscule. (Sans compter bien entendu le fait que leur mainmise sur les médias leur permet d'être les faiseurs de roi de nos démocraties).
Mais je n'ai pas été seul dans mon aveuglement. L'aveuglement est plus apparent encore dans tous les mouvements issus des années 70 - écologistes, gays, féministes - , qui prétendaient qu'aussi bien les idéaux libéraux que socialistes étaient dépassés. Il est en effet incroyable, si l'on y pense, qu'à l'heure où un capitalisme non seulement dérégulé mais proprement déréglé broyait des destins par milliers de façon de plus en plus inexorable, les questions qui ont dominé le débat public ces dernières années aient été la réintroduction des ours dans les Pyrénées ou le mariage gay.
Quelle chose étrange: je me sens redevenir de gauche après de longs détours, et j'en éprouve d'autant plus de plaisir que j'ai toujours senti confusément que là était ma famille.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Bienvenue à la Maison. Comme tu as pu le constater, si ses fondations sont solides, il y a encore beaucoup de travaux à faire. Toutes les compétences et toutes les bonnes volontés sont requises.