"It was the best of times, it was the worst of times..."
Charles Dickens. A Tale of Two Cities.


mercredi 24 septembre 2008

Du bien-être des saucissons


Le fabricant du "saucisson tradition à cuire" que j'ai cuisiné hier soir juge utile de m'informer, par une mention figurant sur l'étiquette, que "les éleveurs IP-SUISSE détiennent leurs animaux dans des étables adaptées à leurs besoins et que ceux-ci peuvent s'ébattre en plein air." Bref, je devrais tirer je ne sais trop quelle satisfaction du fait que le saucisson que je m'apprête à cuire a gambadé dans la nature avant de finir sur les rayons du supermarché. Que l'éleveur fasse de son mieux pour ne pas infliger de souffrances inutiles à ses cochons, soit. Mais quel besoin a-t-il de m'en informer? Pour soulager ma conscience? Mais, qu'il se soit ébattu ou non en plein air, l'animal dont mon saucisson tradition est issu a bel et bien été zigouillé pour satisfaire mes besoins alimentaires. Ce qui est d'ailleurs tout à fait dans l'ordre des choses: je suis un animal omnivore.
Dans le même ordre d'idée, une dépêche de l'AFP du 18 septembre nous informe que la Commission européenne prépare un nouveau règlement sur le bien-être des animaux dans les abattoirs, lequel règlement prévoit entre autres l'obligation pour tous les centres d'abattage de se doter d'un "responsable du bien-être animal." Le but déclaré d'une telle mesure est évidemment d'éviter toute souffrance inutile aux animaux lors de leur abattage. Mais le mobile réel me semble être, comme c'est de plus en plus souvent le cas, une sorte d'angélisme dévastateur, qui croit que la nature humaine peut se changer par décret, et dont j'ai le sombre pressentiment qu'il nous apportera d'immenses catastrophes. Tant il est vrai - et c'est le cas de le dire ici - que qui veut faire l'ange fait la bête.

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