"It was the best of times, it was the worst of times..."
Charles Dickens. A Tale of Two Cities.


vendredi 12 septembre 2008

Pour mémoire: le prix payé par le peuple soviétique dans la lutte contre le nazisme


Quand on parle de la Russie et de sa politique étrangère, il n'est peut-être pas inutile de jeter un regard en arrière pour se faire une idée du prix que le peuple soviétique a payé pour libérer l'Europe du nazisme. J'ai sous les yeux un article de l'historien anglais David Reynolds paru en 2002. D'après son auteur, les pertes exactes subies par l'URSS au cours de la Seconde Guerre mondiale sont tout bonnement "incalculables"("unquantifiable). Il ajoute toutefois que les historiens actuels s'accordent pour les estimer à environ 27-28 millions, soit 14% (quatorze pour cent, un septième environ) de la population soviétique d'avant-guerre. A titre de comparaison, les pertes britanniques ont été de 350 000 hommes (soit 0,75%) et celles des Etats-Unis 300 000 (soit 0,25%). En d'autres termes, ajoute Reynolds, les pertes soviétiques du seul siège de Leningrad sont supérieures aux pertes cumulées des Etats-Unis, de la Grande-Bretagne et de l'Empire britannique pour l'ensemble du conflit. Ce genre de comptabilité est évidemment toujours macabre, et il ne s'agit absolument pas de minimiser la contribution des puissances occidentales à l'effort de guerre. De plus, il faut toujours le rappeler, au niveau individuel, chaque vie perdue était la vie d'un homme en chair et en os, qu'il s'appelât John ou Ivan, et l'on doit à sa mémoire le même respect et le même hommage quel que soit le froid total statistique dont il relève. Cependant, au vu de ces chiffres, on est porté à comprendre pourquoi, aujourd'hui encore, l'idée pour la Russie, et j'entends par là aussi bien ses dirigeants que sa population, héritière de tant de souffrances, de se retrouver encerclée par des puissances hostiles (et c'est le cas avec l'extension de l'OTAN) est tout simplement intolérable. Et cela n'a rien à voir avec une prétendue nouvelle guerre froide, car s'il est un pays dans cette situation qui se comporte selon la logique de la Guerre froide, ce sont bien plutôt les Etats-Unis.

David Reynolds, "From World War to Cold War: The Wartime Alliance and Post-War Transitions, 1941-1947", The Historical Journal, 2002.

Photo ci-dessus: insigne de l'escadron "Normandie-Niemen". Quand Français et Russes étaient frères d'armes.

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