Un peu de temps retrouvé

Proust écrit dans Du Côté de chez Swann:
"Les lieux que nous avons connus n’appartiennent pas qu’au monde de l’espace où nous les situons pour plus de facilité. Ils n’étaient qu’une mince tranche au milieu d’impressions contiguës qui formaient notre vie d’alors; le souvenir d’une certaine image n’est que le regret d’un certain instant; et les maisons, les routes, les avenues, sont fugitives, hélas, comme les années."
Je m'aperçois que c'est en partie à la recherche de mon propre temps perdu, de mon enfance en allée, que je me livre ici jour après jour. Ce que j'essaie de retrouver en flânant dans Moscou, si étrange que cela puisse paraître, c'est l'atmosphère de l'URSS des années 70 telle que les images en noir et blanc du journal télévisé de mon enfance me la laissaient entrevoir, ou telle qu'un petit 45 tours contenant l'enregistrement sonore des cérémonies organisées sur la Place Rouge en l'honneur de Youri Gagarine en 1961 me la laissaient deviner. Bref, c'est un peu de moi-même et de mon enfance que je cherche par les rues d'une ville où je n'ai mis les pieds pour la première fois qu'à l'âge adulte, il y a tout juste cinq ans, et que 3000 kilomètres séparent des lieux où j'ai grandi.