"It was the best of times, it was the worst of times..."
Charles Dickens. A Tale of Two Cities.


samedi 22 novembre 2008

Bourdieu et Vauvenargues

Il me semble que l'oeuvre tout entière de Bourdieu pourrait être lue comme une sorte de long commentaire d'un aphorisme de Vauvenargues, lequel dit à peu près (je ne l'ai malheureusement pas sous la main): vous qui, du fait de votre naissance, occupez une place élevée dans la société, jouissez donc de tous les avantages qui y sont attachés, mais n'allez pas dire à ceux qui n'ont pas eu cette chance que c'est pas vos mérites que vous êtes là où vous êtes, et eux par leur démérite qu'ils n'y sont pas. Il faudra que je retrouve cet aphorisme, car c'est vraiment l'essence de la pensée de Bourdieu qui s'y trouve résumée, à savoir que toute société inégalitaire sécrète aussi une idéologie tendant à faire accroire que les inégalités existantes sont fondées en nature, ce qui a pour effet de redoubler l'inégalité, en ajoutant une inégalité symbolique à l'inégalité réelle. "Oltre al danno la beffa", comme on dit en italien. Ou bien "to add insult to injury", comme pour le dire en anglais.
C'est une pensée certes un peu austère mais à laquelle on risquerait de ne pas rendre justice si on la réduisait à la doxa qui a cours chez ses épigones (qui sont dominantes dans la sociologie universitaire française). Il me semble que Bouveresse a bien servi son ami disparu dans le livre qu'il lui a consacré, dans lequel il s'est attaché à montrer que sa pensée était bien plus complexe et nuancée qu'on le croit souvent.

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