"It was the best of times, it was the worst of times..."
Charles Dickens. A Tale of Two Cities.


vendredi 21 novembre 2008

A l'ancien Musée de la Révolution


J'ai visité cet après-midi l'ancien Musée de la Révolution, qui porte maintenant le nom de Musée de l'histoire contemporaine de la Russie. Pour autant que je puisse en juger, ce sont les mêmes collections dont la présentation a simplement été réorganisée selon des principes moins hagiographiques qu'à l'époque soviétique. Le musée occupe une belle demeure patricienne de l'avenue Tverskaia, qui fut le siège pendant toute la seconde moitié du XIXe siècle et jusqu'en 1917 du Club anglais de Moscou.
Il expose toutes sortes de documents et d'objets couvrant la période allant de 1850 à nos jours. J'y ai donc vu, en vrac: la tunique de bure d'un moujik d'avant la révolution ; des tableaux et gravures représentant le Tsar et sa famille ; la reconstitution d'un intérieur bourgeois de la Russie du XIXe siècle ; des photographies de scènes révolutionnaires de 1905 et de 1917 ; un buste de Lénine daté de 1921 le représentant la bouche bizarrement tordue par ce qui semblait être un sourire dans l'intention du sculpteur ; les épaulettes d'un uniforme de Staline des années 30 ; la reconstitution du bureau qu'occupait son ministre de la Métallurgie dont le nom m'échappe présentement ; l'imperméable de Khrouchtchev ; le bracelet-montre de Khrouchtchev ; l'appareil photo de la marque "Kiev" (je ne connaissais pas) de Khrouchtchev ; la poêle à frire de la datcha de Khrouchtchev, toutes sortes d'objet frappés de la faucille et du marteau, une maquette à l'échelle 1/3 du premier spoutnik ; la véritable petite chienne Kozavka empaillée et revêtue du scaphandre dans lequel elle effectua le premier voyage dans l'espace.
Je me contente de cet inventaire un peu hétéroclite parce que l'agencement muséographique est pratiquement inexistant. La succession des salles reflète certes la séquence des périodes historiques, mais chaque salle consiste ni plus ni moins que dans une accumulation d'objets accompagnés d'explications rares et sommaires.
Une fois de plus, ce qui est frappant, c'est la façon dont lURSS avait constitué son propre style décoratif, autour d'un certain nombre de motifs et de symboles.
Ainsi le symbole de la faucille et du marteau, qui dans sa forme élaborée consistait en une faucille et un marteau posés sur un planisphère et flanqués de deux épis de blé en demi-cercle, se déclinait-il en mille variantes, utilisant les techniques les plus diverses: faïence, peinture sur émail, broderie, tapisserie etc. Et la rencontre de ces symboles révolutionnaires, d'un régime qui exaltait l'industrialisation etc., avec des techniques artisanales traditionnelles forme déjà en elle-même un contraste intéressant.
J'oubliais le clou du musée: un jeu d'échecs réalisé en 1922 ou 1923 dont les noirs et les blancs sont remplacés par les bourgeois et les révolutionnaires. Le roi et la reine des révolutionnaires y sont respectivement un ouvrier musculeux et une kolkhozienne.
Le hall d'entrée est peint dans ce vert aqueux si fréquent dans les bâtiments publics ici.
Le milicien de garde assis à une petite table à l'entrée, juste après un portail détecteur de métaux, pianote sur téléphone portable. L'employé du vestiaire est une sorte de grand-père bonhomme. Les gardiennes de salles, assises sur des chaises dans un coin, papotent bruyamment entre elles pendant la visite. (A Lvov au printemps dernier, au Musée d'histoire désert dont j'étais le seul visiteur, elles s'étaient toutes rassemblées à l'étage intermédiaire pour boire une tasse de thé, et ont regagné chacune leur étage à mon arrivée).

Après la visite du musée nous sommes allés Nastia et moi boire un thé et nous empiffrer de pâtisseries dans le salon de thé qui jouxte l'épicerie Eleseevskiy.

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