"It was the best of times, it was the worst of times..."
Charles Dickens. A Tale of Two Cities.


samedi 1 novembre 2008

Bêtise monumentale


Les monuments d'autrefois remplissaient une fonction assez simple. Par eux, le pouvoir s'adressait aux citoyens, les invitant à se souvenir de tel ou tel événement heureux ou malheureux pour la collectivité, de tel ou tel personnage ayant joué à un titre ou à un autre un rôle important dans son histoire.
Ces monuments prenaient souvent des formes qui peuvent nous sembler grandiloquentes aujourd'hui (emphase de la statuaire, style enflée des dédicaces etc.), mais ils avaient, je le répète, le mérite de la simplicité.
Les monuments d'aujourd'hui sont typiques de notre époque qui croit en savoir plus long que les époques qui l'ont précédée, qui croit ne pas avoir leur naïveté, mais dont il se pourrait bien que sa propre naïveté réside principalement dans cette conviction.
J'y pensais en lisant un panneau exposé sur Postdamer-Platz qui présente les projets relatifs à la commémoration du Mur de Berlin. Comme toujours à notre époque, on voit derrière les différents projets, avec leur didactisme lourd, mille théories sociales fumeuses. Mais ce n'est pas tout: ces théories fumeuses se traduisent par une sorte de dilution du concept même de monument. Le monument d'autrefois était précisément monumental, il était matériel, massif et fait pour durer. A une époque dominée par l'événement, une époque où tout un ensemble d'activités telles que la presse, la télévision, le marketing ou l'art conceptuel par exemple, consistent justement à "créer des événements", on voit apparaître des dispositifs de commémoration (exposition de gigantographies dans la rue etc.) qui, par leurs procédés, s'apparentent davantage à des opérations publicitaires ou à des happenings qu'à des monuments au sens classique du terme. Bien loin d'expliquer les faits historiques auxquels ils se rapportent, ces événements viennent juste ajouter une voix en plus au vacarme dont nous sommes assourdis. Mais je suis de plus en plus convaincu qu'il existe une sorte de synergie de l'insignifiance entre la publicité les médias et certains milieux de la pensée et de l'art.

Photo: Unter den Linden, ce matin, 8 heures.

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