"It was the best of times, it was the worst of times..."
Charles Dickens. A Tale of Two Cities.


vendredi 28 novembre 2008

Les rois et les portes

Je me souviens d'avoir lu il y a longtemps, ce devait être dans La Repubblica ou dans le Corriere della sera, peu importe, une interview de Gianni Agnelli, descendant du fondateur de FIAT et lui-même président de cette société pendant des décennies.
A une question du journaliste concernant ce qui, à son avis, faisait la véritable différence entre être très riche et ne pas l'être à notre époque, Agnelli répondit plus ou moins ceci: que ce n'était pas tant la possibilité de posséder telle ou telle chose qui différenciait le riche du non riche de nos jours - car le non riche a accès aux mêmes biens que le riche, fussent-ils d'une moindre qualité etc. - que le fait pour le riche de pouvoir se rendre instantanément où il le souhaitait, par avion privé, hélicoptère etc.
Je crois qu'il y a quelque chose de vrai en cela. Mais j'en conclus que les riches sont à plaindre, car avec leurs jets etc., ils ne connaissent rien des vrais plaisirs du voyage.
Cela me fait penser à un poème du Parti pris des choses de Ponge, intitulé "Les Plaisirs de la porte" que j'ai toujours beaucoup aimé:
"Les rois ne touchent pas aux portes. Ils ne connaissent pas ce bonheur : pousser devant soi avec douceur ou rudesse l'un de ces grands panneaux familiers, se retourner vers lui pour le remettre en place - tenir dans ses bras une porte...".
Les rois ne touchent pas aux portes, et les riches se privent pareillement du plaisir rugueux des trains de nuit, de la kindness of strangers qui vous illumine au hasard d'un voyage, des petits déjeuners dans l'aube d'une gare inconnue.

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