"It was the best of times, it was the worst of times..."
Charles Dickens. A Tale of Two Cities.


lundi 3 novembre 2008

Succinctes mpressions de voyage 1

Me voici donc arrivé à Moscou ce soir à 21 h 20 heure locale, soit trois quarts d'heure de retard par rapport à l'horaire prévu, ce qui, après tout, est tout à fait raisonnable rapporté à la durée du voyage, à savoir trente heures.
J'ai partagé un compartiment avec une sorte de colosse écossais amoureux des voyages en train, personnage étrange mais sympathique.
Il m'a fallu tout d'abord m'acclimater à la façon dont il parlait, ce qui n'était pas acquis puisqu'il cumulait le double inconvénient d'être bègue et d'avoir un accent écossais à couper au couteau ("deeleete" pour "day-light", "vat" pour "that", "vem" pour "them", j'en passe et des meilleures).
Pour ne rien arranger, il a bu des quantités impressionnantes de Coca-Cola, dont il avait deux bouteilles de deux litres, pendant tout le voyage, jour et nuit, ce qui lui donnait quand il parlait des renvois qui venaient s'ajouter à son bégaiement et à son écossitude pour compromettre la compréhension.
En guise de préparation pour son séjour en Russie, il a regardé hier soir le James Bond "With Love from Russia"...
Après avoir passé Terespol, nous avons été réveillés vers 3 heures pour les formalités de passage de la frontière entre la Pologne et la Biélorussie. Tout s'est bien passé, j'étais un peu appréhensif en raison de mon visa biélorusse que l'employé du consulat avait dû raturer et corriger tant bien que mal après s'être trompé dans la transcription de mon numéro de passeport.
Nous nous sommes arrêtés deux heures à Brest pour le traditionnel changement de bogies dû à la différence d'écartement entre l'ex-URSS et l'Europe occidentale.
Contrairement à mes voyages précédents par les chemins de fer ex-soviétique, les provodnikis, autrement le personnel chargé de veiller sur les couchettes, ne vendaient que du thé, à l'exclusion de toute autre boisson ou nourriture. Cela tombait plutôt mal car je m'avais fait que de maigres provisions. Heureusement, un wagon-restaurant a été ajouté à Brest, et j'ai pu y prendre mon petit-déjeuner. Pour s'y rendre, il fallait traverser les wagons de places assises des chemins de fer biélorusses qui venaient eux aussi d'être ajoutés, et qui assuraient la liaison Brest-Minsk. On se trouvait donc d'un wagon à l'autre projeté en pleine réalité biélorusse.
Le wagon-restaurant lui-même était un petit chef-d'oeuvre de design des années 70, avec en particulier devant le comptoir de magnifiques tabourets hauts à piètement métallique dont l'assise était formé d'une sorte de demi-coque de plastique cramoisi.

Au dehors, le défilé incessant des bouleaux et des pins, avec seulement de temps en un temps un hameau de maisons, sans grâce pour la plupart, en bois pour les plus jolies mais plus souvent en dur à toit de tôle ondulée, entourées d'un fouillis d'appentis, de remises et de resserres, ceintes parfois d'une palissade rapiécée.

A Minsk, j'achète des poires "konferentzia", tient-il à me préciser, à un paysan édenté et souriant.

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