"It was the best of times, it was the worst of times..."
Charles Dickens. A Tale of Two Cities.


vendredi 12 décembre 2008

Such Thing as a Free Meal

Je me suis intéressé dans un billet précédent aux journaux gratuits comme à l'une de ces formes d'infotainment dont on se demande quels effets elles auront à long terme sur le niveau intellectuel et sur la conscience civique de leurs lecteurs.
C'est maintenant de leur gratuité elle-même, et de ce qu'elle peut signifier, que je voudrais parler.
Cette gratuité participe d'une tendance plus générale qui voit un certain nombre d'industries culturelles modifier de gré ou de force leur business model pour répondre à des conditions technologiques et sociologiques radicalement nouvelles.
De gré, dans le cas justement des journaux gratuits.
De force, dans le cas des majors du disque, qui, face à la diffusion du piratage, sont en train de se résigner lentement à renoncer à leur business model traditionnel pour envisage des solutions de vente forfaitaires sous forme d'abonnements etc.
Il était temps car ce sont les atermoiements de l'industrie du disque, son refus de rechercher un compromis raisonnable qui, paradoxalement, ont permis au phénomène du piratage de prendre l'ampleur qu'on lui connaît.
Je parlais il y a quelques mois avec un ami avocat spécialiste de la propriété intellectuelle. Il défend des jeunes qui font l'objet de procédures judiciaires pour des motifs de piratage. Il me disait évidemment comprendre ce qui les poussait à télécharger illégalement. Il est clair que les prix pratiqués par les maisons de disques justifient, pour des jeunes sans le sou, le recours au piratage etc. En même temps, il se disait atterré par le fait que bien des jeunes se sont désormais tellement habitués, grâce justement au téléchargement illégal, à disposer gratuitement de musique et de films qu'il leur semble scandaleux de payer quelque prix que ce soit, si réduit soit-il, pour s'en procurer. C'est là que réside le danger, danger que l'existence des journaux gratuits etc. vient renforcer. C'est qu'une génération tout entière en vienne à penser que la gratuité des produits dits culturels est normale, négligeant le fait que derrière une chanson, un film ou un article de journal il y a un travail, et que toute peine mérite salaire.

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