"It was the best of times, it was the worst of times..."
Charles Dickens. A Tale of Two Cities.


vendredi 5 décembre 2008

The kindness of strangers

Les sociologues, les ethnologues, les anthropologues, les spécialistes des sciences dites sociales ou humaines prennent-ils le train?
C'est une question qu'on finit par se poser tant ces gens qui ne jurent que par le terrain, les faits, l'empirie etc. semblent incapables de voir ce qui saute aux yeux de quiconque a pris le train une fois dans sa vie pour voyager en pays étranger, à savoir qu'il existe des universaux éthiques qui transcendent la diversité supposément irréconciliable des cultures.
J'y pensais l'autre jour dans le train qui me ramenait de Moscou à Berlin: au-delà de l'obstacle de la langue, il s'est immédiatement établi entre Vladimir, mon compagnon de voyage, maçon originaire de Tomsk, en Sibérie, et moi, un rapport fait d'attentions réciproques et de menus services, qui est tout à fait habituel dans ce genre de situations, et qui rend sensible l'existence de valeurs partagées authentiquement universelles. Partager son repas avec son compagnon de voyage, boire avec lui le thé qu'il vous offre..., autant de gestes qui manifestent une unité vécue du genre humain qu'aucune différence culturelle ne saurait entamer.
Sur le quai de la gare de Berlin-Lichtenberg, dans l'aube grise de cette fin novembre, nous nous sommes serrés la main. Mais un quart d'heure plus tard, je l'ai revu dans le hall de la gare, il a couru vers moi, et demandé tout penaud s'il pouvait utilisé mon téléphone pour appeler sa soeur car elle devait venir le chercher à la gare mais elle n'était pas là, et la batterie de son propre téléphone, comme j'avais pu le constater au cours du voyage, était déchargée. Je lui ai donc prêté mon téléphone, il a pu appeler sa soeur dont il est apparu qu'elle était allée l'attendre à la Hauptbanhof. Il m'a redonné mon téléphone, se confondant en remerciements. Nous nous sommes dit adieu de nouveau. J'ai pris un escalator qui descendait vers les quais, il était là debout dans le hall à me regarder descendre, et, là, un grand sourire sur sa bouille un peu cassée de petit Sibérien pour qui tout n'a pas toujours dû être facile, il m'a fait un petit au revoir de la main qui m'a ému, comme un enfant qui saluerait sa mère depuis la cour de l'école où elle vient de l'amener.
The kindness of strangers...

Aucun commentaire: