"It was the best of times, it was the worst of times..."
Charles Dickens. A Tale of Two Cities.


lundi 15 décembre 2008

Déontologie du dentiste anthropologue

Une fois n'est pas coutume, à midi (je dis "à midi" pour complaire aux puristes, mais en fait je pense "ce midi", qui n'est pas correct paraît-il, mais qui veut dire - et dit bien - autre chose), je regarde le journal télévisé. Celui de France 2. Un reportage nous montre des momies égyptiennes qu'on soumet à un scanner dans un grand hôpital parisien. Un certain nombre de chercheurs tout sourire, au nombre desquels un "dentiste anthropologue", nous expliquent les buts de cet examen etc.
C'est la Science qui nous parle bien évidemment, et la Science a tout les droits, y compris celui de soumettre à tous les examens qu'il lui plaît des dépouilles vieilles de trois mille ans.
Or, si l'on y pense, il n'y a rien de naturel à cela. On peut penser que des telles pratiques auraient horrifié et horrifieraient encore dans bien des cultures, à commencer par la culture de l'Egypte antique.
Après tout, je crois savoir qu'on s'accorde en général chez les préhistoriens à compter l'existence de sépultures parmi les critères d'hominisation.
De quel droit traitons-nous comme de simples objets, spécimens, échantillons ces restes d'êtres humains auxquels leurs contemporains avaient offert ce qui étaient à leurs yeux une sépulture décente.
Cela ne s'apparente-t-il pas à du viol de sépulture? Cela ne constitue-t-il pas une profanation?
Combien de siècles doit-il s'écouler pour qu'une telle profanation ne pose plus de problèmes de conscience à un dentiste anthropologue? Un dentiste anthropologue se doute-t-il même qu'il pourrait y avoir ici matière à réflexion morale?
J'en doute, tant le fait d'oeuvrer pour la Science semble devoir tout justifier.
Mais cette croyance en la Science elle-même, on le sait, devrait être interrogée et disséquée, comme la Science elle-même le fait de ces dépouilles.
Je ne veux pas dire par là qu'on a forcément tort de procéder à ce genre de recherches, je souhaite simplement montrer que les justifier par la Science, c'est user d'une tautologie, qui dénote l'existence d'un impensé. Le nôtre.

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