"It was the best of times, it was the worst of times..."
Charles Dickens. A Tale of Two Cities.


mercredi 3 décembre 2008

Les scrupules des victimes

J'ai terminé dans le train qui m'amenait de Moscou à Berlin samedi dernier le livre de Nadedja Mandelstam. C'est un témoignage réellement bouleversant sur les mécanismes de la répression sous Staline, sur ce système qui pouvait faire de n'importe qui d'un moment à l'autre un coupable dont le destin était dès lors fixé inexorablement.
Ce qui est admirable chez Nadedja Mandelstam, c'est la sobriété de son témoignage.
Il ne s'agit jamais d'un réquisitoire. Elle s'attache même de façon incroyablement scrupuleuse à montrer comment certaines personnes étaient inextricablement bourreaux et victimes à la fois du fait de la folle logique qui gouvernait la société.
On pense à ce que Primo Levi, lui aussi soucieux toujours plus de témoigner et de comprendre que d'accuser, a pu écrire sur ce qu'il appelle la "zone grise", cette zone dans laquelle se trouvaient, dans le cadre de l'univers concentrationnaire nazi, tous ceux qui, tout en étant victimes, étaient amenés à leur corps défendant à participer à l'entreprise de destruction nazie.

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