"It was the best of times, it was the worst of times..."
Charles Dickens. A Tale of Two Cities.


jeudi 18 décembre 2008

Oleg

C'est mon anniversaire aujourd'hui, étrange anniversaire à vrai dire puisque je m'apprête à le fêter seul ce soir, ma femme et mon fils étant à 3000 km d'ici, dans un hôpital de Moscou, où mon fils reçoit des soins pour une infection intestinale.
Mais puisque je suis seul, autant en profiter, tout en sirotant un verre de Gewurztraminer en guise d'apéritif (n'en rajoutons pas dans le mélodramatique quand même) pour vous raconter une histoire, celle d'un enfant dont Nastia, ma femme, m'a parlé aujourd'hui.
Précisément dans l'hôpital où mon fils se trouve actuellement, dans une chambre donnant sur le même couloir que la sienne, ma femme m'a raconté qu'il y a un petit garçon âgé de cinq ans prénommé Oleg. Oleg, qui est hospitalisé pour une hépatite, est orphelin de père et de mère. C'est un enfant paraît-il d'une telle douceur et d'une telle gentillesse que tous les parents des autres enfants, qui doivent pourtant faire face aux maladies, parfois graves, de leurs propres gamins, se sont pris d'affection pour lui et ne manquent pas de lui apporter à chaque visite un petit cadeau à lui aussi.
Mais ce n'est pas seulement sa gentillesse et sa douceur qui conquièrent tous ceux qui l'approchent. Oleg est aussi avec tout le monde d'une politesse exquise et proprement stupéfiante pour son âge. Il ne vous croise jamais sans vous demander comment vous allez et comment se porte l'enfant que vous êtes venus voir. Sa condition d'orphelin, loin d'être cause d'aigreur envers ces enfants que leurs parents visitent, suscite en lui une curiosité pleine de tact. Et Nastia m'a raconté qu'elle a fait sa connaissance de la façon suivante. Traversant le couloir de l'étage, elle passait devant la porte ouverte de la chambre de l'enfant, quand elle a entendu une petite voix provenant de l'intérieur de la chambre lui dire : "Madame, auriez-vous l'amabilité de venir voir mes dessins?". Madame, auriez-vous l'amabilité de venir voir mes dessins? Peut-on imaginer une façon plus douce d'inviter quelqu'un?
Voilà, je trouve que de savoir qu'il existe un petit Oleg quelque part, un orphelin malade qui par la délicatesse de ses manières pourrait en remontrer à tous les faiseurs de traités de savoir-vivre de ce monde, c'est là un magnifique cadeau d'anniversaire, et je le prends comme tel.

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