"It was the best of times, it was the worst of times..."
Charles Dickens. A Tale of Two Cities.


mardi 9 décembre 2008

Back from USSR


Me voici ce soir de retour à Lausanne après un mois et demi de pérégrinations. Je quitte Mantoue ce matin par le train de 11 h 43 pour Milan. Je suis à Milano Centrale vers 13 h 30. C'est l'une des gares où j'ai passé le plus de temps, où j'ai le plus fait les cent pas dans l'attente de trains qui m'amèneraient à Bologne, à Mantoue, à Vérone, à Paris ou à Lausanne, et dans bien d'autres villes encore. C'est étrange, je serais bien en peine de décrire cette gare avec exactitude, et pourtant j'ai une espèce de souvenir cénesthésique, souvenir du corps, très fort de ce que c'est que d'être à Milano Centrale. Et puis aussi: il y a des gares dont le souvenir est lié pour moi à leur bâtiment extérieur, alors que l'image que j'ai de Milano Centrale a peu à voir avec le mastodonte d'architecture fasciste échoué en pleine ville qu'est la gare vue du dehors, c'est plutôt un sentiment lié à l'intérieur du bâtiment, aux quais, à la salle des pas perdus.
Quand j'y arrivais de Paris dans les années 80, il y avait un bar non couvert, installé au bout des quais, avec un long comptoir perpendiculaire aux voies. Souvent j'arrivais par je ne sais plus quel train avant 5 heures, mon train pour Bologne ne partait qu'à 6 h 30, alors j'attendais l'ouverture du bar, j'y prenais mon petit-déjeuner en lisant la Repubblica, où je m'initiais entre autres aux manoeuvres byzantines de la politique italienne, dont les partis s'appelaient encore DC, PSI, PCI.
Milano Centrale, c'est aussi dans mon souvenir la scène finale de Teorema de Pasolini: Massimo Girotti, touché par la révélation de l'Ange, courant nu au bout des quais. Je n'y passe jamais sans m'en souvenir.

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