"It was the best of times, it was the worst of times..."
Charles Dickens. A Tale of Two Cities.


vendredi 12 décembre 2008

Mauvaise presse

Ici comme ailleurs, je vois de plus en plus de gens lire les quotidiens gratuits qu'on trouve aux arrêts de bus etc., et les statistiques concernant la presse montrent que ces journaux provoquent une érosion constante des ventes des journaux traditionnels, payants.
D'un côté, j'en éprouve un peu de Schadenfreude, de joie mauvaise, parce que les journaux traditionnels ont tant abusé du pouvoir que leur conférait leur fonction, nécessaire, d'agora, de lieu du débat publique, qu'il n'est pas mauvais qu'ils le paient par une désaffection des lecteurs.
(Je pense évidemment en premier lieu à la gestion quasi-maffieuse du Monde sous Colombani et Plénel que les auteurs de La Face cachée du Monde ont mise en lumière - toutes ces connivences, ces intrigues, ces chantages, ces renvois d'ascenseurs ; mais ces pratiques ne sont pas, on le sait, l'exclusivité du Monde).
Toutefois, j'ai l'impression que ce qui s'annonce avec les journaux gratuits pourrait être bien pis que ce à quoi les journaux traditionnels, quels que soient leurs partis-pris et leurs compromissions, nous ont habitué. Car avec ces gratuits, c'est l'infotainment qui triomphe. Ils se composent presque exclusivement de brèves et d'entrefilets (autrement dit de formes d'articles qui étaient autrefois tout au plus le tissu conjonctif du journalisme) consacrés à des faits divers, des potins, des exploits du style Guiness des records, au détriment de tout effort de compréhension du monde. Ils fonctionnent selon le même principe que le zapping télévisé, repaissant la paresse du lecteur de stimuli discontinus, qu'aucune recherche de mise en perspective et d'interprétation ne vient organiser. Si l'on pense que c'est chez les jeunes que ces journaux recrutent l'essentiel de leurs lecteurs, on est en droit de s'interroger sur les effets que cela aura sur le long terme.

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