"It was the best of times, it was the worst of times..."
Charles Dickens. A Tale of Two Cities.


dimanche 14 décembre 2008

Retour sur une lettre de Pasolini

J'évoquais dans un billet il y a deux mois de ça environ la dernière lettre de Pasolini, ou du moins la dernière qui nous ait été conservée, dans laquelle il exprimait son enthousiasme pour la proposition que lui avait faite Scalia de traduire les intuitions qu'il exprimait dans ses articles pour différents journaux, au premier rang desquels le Corriere della Sera (articles réunis dans les Scritti Corsari et dans les Lettere luterane), de traduire ces intuitions, disais-je, en termes théoriques.
Et je disais combien il aurait été intéressant de voir ce que cela aurait donné etc.
En fait, je n'en suis pas si sûr. Les textes des Scritti corsari sont intéressants non pas tant par les perspectives théoriques qu'ils ouvrent (conceptuellement parlant, ils ne font que reprendre un certain nombre de critiques de la société de consommation qui étaient déjà pour ainsi dire dans le domaine public depuis des années), que par leur caractère puissamment subjectif. Ils forment une sorte de lamento, dans lequel s'exprime tout le drame d'un homme, Pier Paolo Pasolini, touché jusque dans sa chair par les bouleversements sociaux et anthropologiques qu'il observe.
Ils nous montrent une fois de plus ce dont je suis convaincu, à savoir que c'est bien souvent par les sentiments que nous accédons aux valeurs. Mais les valeurs ainsi saisies ne se prêtent pas à une traduction directe en termes politiques. Ce n'est que par une longue décantation qu'il est possible d'en faire tout au plus l'inspiration d'un discours politique, qui ne saurait jamais toutefois les exprimer et les épuiser pleinement.

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