"It was the best of times, it was the worst of times..."
Charles Dickens. A Tale of Two Cities.


mercredi 17 décembre 2008

Post-scriptum à la Guerre froide

Je suis plongé en ce moment dans la lecture de l'histoire de l'URSS d'Andrea Graziosi.
Il y dit une chose qui vient confirmer ce que j'ai pu lire ailleurs, et qui étrangement ne me semble pas avoir attiré l'attention de la presse, tant il est vrai que nous vivons maintenant dans un éternel présent, où le passé ne compte qu'en tant qu'il peut être asservi à des intérêts actuels. Cette chose, qui ne me semble pas d'une importance négligeable, c'est tout simplement que ni l'un ni l'autre des protagonistes de la Guerre froide ne voulait la guerre. Aucun des présidents américains qui se sont succédés ne souhaitait la guerre avec l'URSS. Du côté soviétique, après la mort de Staline, le groupe dirigeant, fortement marqué par l'expérience de la Seconde Guerre mondiale, était fermement décidé à éviter tout risque de conflit avec les Etats-Unis. On dispose maintenant de témoignages très clairs à ce sujet. Les instructions de Gromyko à l'ambassadeur soviétique à Washington étaient sans équivoque: tout faire pour éviter une guerre. Le seul qui ait envisagé la possibilité d'un conflit de gaieté de coeur, et qui ait même à certains moments poussé l'URSS à agir en ce sens, c'est Mao, pour qui la révolution mondiale qui en serait la conséquence valait bien une guerre et la destruction d'une partie de l'humanité. Il alla même jusqu'à suggérer aux Soviétiques d'user de la bombe atomique contre Taïwan.
Il faut dire que comparé à Mao, le plus idéologique des Soviétiques faisait figure de modéré. Graziosi raconte en effet que Souslov lui-même, pas vraiment un libéral, fit de son mieux pour dissuader Mao de lancer son Grand bond en avant, convaincu qu'il était que les conséquences en seraient tout aussi déastreuses en termes de vies humaines que l'avaient été celles de la collectivisation des années 30 en URSS. Rien n'y fit, le Grand bond en avant eut lieu, et on sait ce qu'il en coûta à la Chine: une famine dont les historiens même les plus modérés (Gernet par exemple) s'accordent à dire qu'elle fit entre 10 et 20 millions de morts.

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