Une matinée à la galerie Tretiakov

Voilà ce que c'est que de vouloir à tout prix dire des choses intelligentes. Au sujet de ma visite à la galerie Tretiakov, j'ai consacré deux billets à des tableaux certes intéressants, mais qui ne sont pas, et de loin, ceux que j'ai le plus aimés aujourd'hui. La peinture historique a quand même ses limites, et elle n'a d'ailleurs jamais été ma tasse de thé.
Les tableaux dont j'aurais voulu parler, mais qui s'y prêtent moins, parce qu'ils n'offrent pas les aspérités, les prises de l'anecdote, ce sont les tableaux à la poésie bucolique à la fois puissante et douce de Venetsianov, ou, de Repine toujours, les nombreux portraits de cette humanité russe, si dense, si présente, et en même temps si spirituelle, comme ailleurs, à commencer par le visage raviné et habité de Tolstoï dans le magnifique portrait qu'il en a fait. Ou encore, de Kramskoï, ces tableaux de genre où il sait conférer une profondeur mélancolique à la scène la plus quotidienne. Et puis tous ces tableaux d'intérieurs russes du XIXe siècle, qui nous restituent tout un monde à la temporalité si différente de la nôtre.
Tant de belles choses...

Illustration: Ivan Kramskoï, Une inconnue.