Les faits sont têtus, disait Lénine. Il ne croyait pas si bien dire: la réalité est têtue, la réalité sociale en particulier, et nul "Fiat!" n'a jamais pu ni ne pourra jamais changer le monde radicalement du jour au lendemain. S'il y a bien une leçon à tirer de l'Histoire, c'est qu'elle ne connaît pas de commencement absolu. L'Ancien Régime, apparemment aboli par la Révolution française, lui survit dans de nombreuses institutions, et ce jusqu'à nos jours. La liste n'en finirait pas des institutions que nous en avons hérité, à commencer d'ailleurs par le plan de nos villes, leurs rues elles-même, la forme d'une ville n'étant autre que de la réalité sociale matérialisée. Même le plus frénétique des volontarismes ne peut venir à bout de cette force d'inertie propre à la réalité sociale. C'est d'ailleurs peut-être pour l'avoir ignoré que les Bolcheviques en sont venus à commettre les tragiques erreurs que l'on sait. Car le régime soviétique lui-même n'a pas échappé à cette règle, et son histoire devient plus intelligible si l'on regarde les Tcheka, Guépéou et autres KGB au prisme de l'Okhrana de sinistre mémoire, autrement dit de la police secrète tsariste, à laquelle on doit entre autres ce faux haineux que sont les "Protocoles des Sages de Sion", ou encore si l'on étudie la dérive bureaucratique qu'a connue l'URSS à la lumière des romans russes et de l'image qu'ils nous donnent de la rigidité du système administratif de la Russie impériale.
Et, par un juste retour des choses pourrait-on dire, tout comme la Russie tsariste se survivait de mille façons dans la Russie soviétique, cette dernière façonne encore de nombreux aspects de la vie russe d'aujourd'hui, ne serait-ce que par la pérennité de certaines structures matérielles, administratives etc. C'est là une leçon de patience pour toute personne aspirant à un changement radical des choses: il lui faut savoir que cela n'est possible qu'au prix de ce que Hegel appelait "le long et patient travail du négatif".
Moscou, à proximité de la station de métro Kojuhouskaia.
Et, par un juste retour des choses pourrait-on dire, tout comme la Russie tsariste se survivait de mille façons dans la Russie soviétique, cette dernière façonne encore de nombreux aspects de la vie russe d'aujourd'hui, ne serait-ce que par la pérennité de certaines structures matérielles, administratives etc. C'est là une leçon de patience pour toute personne aspirant à un changement radical des choses: il lui faut savoir que cela n'est possible qu'au prix de ce que Hegel appelait "le long et patient travail du négatif".
Moscou, à proximité de la station de métro Kojuhouskaia.
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