"It was the best of times, it was the worst of times..."
Charles Dickens. A Tale of Two Cities.


dimanche 23 novembre 2008

Ame russe

C'est difficile à exprimer sans verser dans des banalités, mais aucun peuple ne donne autant que le peuple russe le sentiment d'avoir une âme en tant que peuple. On a l'impression que toutes les théories de Herder etc. ont été taillées sur mesure pour décrire le peuple russe.
Je pense aussi, dans un tout autre ordre d'idée, à la description bienveillante que Primo Levi donne de ses libérateurs dans La Tregua, en quels termes doucement ironiques il évoque cette espèce de caravane biblique que formaient les troupes soviétiques de retour du front allemand. Il y a ce mélange d'une certaine brutalité, ou du moins d'un certain manque d'égard, avec des manières au fond très débonnaires. Il y a cette infinie capacité de résistance et d'endurance qu'on devine à mille petits détails, et qui a été mise à rude épreuve, mais sans jamais céder, par les gouvernants russes eux-mêmes et par les envahisseurs au fil des siècles. Tout cela est difficile à décrire, mais très sensible. On comprend en tout cas pourquoi tant de penseurs russes très différents ont pu fonder leur vision de la société et de l'histoire sur l'idée d'une éternité de l'âme russe.

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