Dans un entretien d'une dizaine de pages avec Peter Vail faisant office de postface au recueil Nativity Poems dont je parlais dans un billet précédent, Joseph Brodsky remarque que dans le calendrier orthodoxe la fête la plus importante est Pâques, alors que dans le christianisme occidental, c'est la fête de Noël qui occupe le premier rang. Dans cette centralité de Pâques, et donc de la Passion, pour le christianisme oriental, Brodsky voit le signe de l'importance que la douleur y revêt: "Nous avons le pathos des larmes. La principale idée de l'Orient, ce sont les larmes". Par quoi la culture orthodoxe s'opposerait donc au christianisme occidental, "où la fondation de toute chose est la pure joie de la Nativité".
Son interlocuteur lui demande s'il ne croit pas plutôt que cette différence dans l'importance relative accordée aux deux grandes fêtes chrétiennes est le signe d'une différence plus profonde encore entre le rationalisme occidental et le mysticisme oriental, en ce sens que, alors que la naissance qu'on célèbre à Noël est un événement naturel, la résurrection dont la commémoration conclut les célébrations pascales déroge aux lois naturelles et tient évidemment du miracle: l'accent mis sur la dimension la plus mystérieuse du credo trahirait en ce cas la nature profondément mystique du christianisme oriental.
Je donne ces remarques de Brodsky et de Vail pour ce qu'elles sont, des généralisations un peu abstraites formulées dans le cadre d'une conversation à bâtons rompus, mais il me semble que, prises avec les précautions qui s'imposent, elles peuvent jeter une certaine lumière sur la fameuse âme slave, en particulier sur un certain dolorisme qui lui serait propre selon Brodsky.
Photo ci-dessus: une photo qui n'a rien à voir avec ce billet. Employés du zoo de Moscou au travail ce matin.
Son interlocuteur lui demande s'il ne croit pas plutôt que cette différence dans l'importance relative accordée aux deux grandes fêtes chrétiennes est le signe d'une différence plus profonde encore entre le rationalisme occidental et le mysticisme oriental, en ce sens que, alors que la naissance qu'on célèbre à Noël est un événement naturel, la résurrection dont la commémoration conclut les célébrations pascales déroge aux lois naturelles et tient évidemment du miracle: l'accent mis sur la dimension la plus mystérieuse du credo trahirait en ce cas la nature profondément mystique du christianisme oriental.
Je donne ces remarques de Brodsky et de Vail pour ce qu'elles sont, des généralisations un peu abstraites formulées dans le cadre d'une conversation à bâtons rompus, mais il me semble que, prises avec les précautions qui s'imposent, elles peuvent jeter une certaine lumière sur la fameuse âme slave, en particulier sur un certain dolorisme qui lui serait propre selon Brodsky.
Photo ci-dessus: une photo qui n'a rien à voir avec ce billet. Employés du zoo de Moscou au travail ce matin.
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