"It was the best of times, it was the worst of times..."
Charles Dickens. A Tale of Two Cities.


jeudi 6 novembre 2008

Potchta, Telegraf, Telefon

Tout étranger présent sur le sol russe et logeant chez l'habitant est censé se faire enregistrer auprès des autorités dans les trois jours suivant son arrivée. On peut se rendre pour cela au commissariat ou au bureau de poste le plus proche. Je me suis donc rendu ce matin au bureau de poste de mon quartier. Il faut remplir un formulaire en deux exemplaires (les deux premiers formulaires vous sont remis gratuitement, mais si vous vous trompez en les remplissant, il faut payer 16 roubles pour en recevoir un autre), s'acquitter d'une taxe de 250 roubles (10 dollars environ), et on vous remet un récépissé qu'il vous faut présenter à la police en cas de contrôle. L'employé a cette attitude sévère qu'on retrouve ici chez toutes les personnes occupant des fonctions peu ou prou officielles, jusqu'aux gardiens de musée eux-mêmes.

Le bureau de poste est un petit musée de l'époque soviétique à lui tout seul. A l'entrée, sur le mur à main droite, une fresque représentant Lénine de trois-quarts, le regard tourné vers l'avenir, et tenant la Pravda dans son poing serré. Au bas de la fresque, une citation signée de son nom: "Le socialisme sans presse, sans télégraphe et sans machines n'est qu'un vain mot".

Une autre fresque court tout le long des trois autres côtés de la salle: elle représente l'évolution des communications. On voit donc sur un premier pan de mur, sur fond de paysage bucolique, un jeune homme vêtu de faon vaguement moyenâgeuse souffler dans un cor et une jeune fille toute de blanc vêtue lâcher une colombe porteuse d'un message. Sur le pan suivant, un encrier et une plume d'oie, un traîneau transportant du courrier, un bateau à voile, un train à vapeur. Enfin, sur le dernier pan de mur, censé représenter la modernité, un train , un téléscripteur, un téléphone, un avion etc. d'un style qui devait représenter la modernité dans l'URSS d'il y a 40 ou 50 ans mais qui a évidemment un je ne sais quoi de vintage aujourd'hui.

Derrière le comptoir en contre-plaqué, quelques bureaux sans ordinateur couverts de piles de papiers, derrière lesquels quelques employées, dont je remarque qu'elles portent des chaussons aux pieds, s'affairent sans hâte. A un moment donné, une babouchka chargée d'un sac volumineux entre dans le bureau et se dirige vers une arrière-salle où quelques employées la rejoignent. La vieille femme sort de son sac des pyjamas, des chemises de nuit etc. que les employées examinent. C'est une sorte de vendeuse ambulante.

Au milieu de la salle, une grande table ovale en contre-plaqué qui évoque plus une table de banquet qu'autre chose, à laquelle les usagers s'asseyent pour remplir les formulaires etc. Un peu partout, des plantes vertes. Seule concession visible à la modernité, une dizaine d'ordinateurs mis à la disposition des usagers pour se connecter moyennant paiement à Internet.

Au guichet, quelques magazines, ainsi que des cartes de voeux colorées et des cartes portant le texte de prières orthodoxes ornées d'illustrations russes traditionnelles sont en vente.

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