Je ne dirai jamais assez le bien que je pense de la pension où je loge, surtout si je pense au prix vraiment modeste de la chambre: 31,50 euros, alors que je suis au coeur de Schöneberg. J'ai payé cinq fois ça lors de voyages précédents, pour des hôtels qui ne le valaient pas. Et il y a des détails qui rendent l'endroit plus précieux encore, comme la blondinette de la réception dont la poitrine, mise en valeur par un petit top rose pâle décolleté, est inversement proportionnelle au prix de la chambre. Je ne me lasserais pas de l'écouter m'expliquer avec de petites moues germaniques comment rejoindre la gare Lichtenberg d'ici par le bus 46 puis la ligne 5 du métro aérien.
Je suis retourné ce soir dans la taverne dont je parlais hier soir. J'ai eu le plaisir de constater que j'y avais déjà le rang d'un habitué. Sitôt assis, la serveuse d'hier me demande d'entrée de jeu "Une grande Berliner Kindl?". Cette serveuse est à elle toute seule un roman. Une femme sur la cinquantaine, boulotte, ce qu'elle cache tant bien que mal sous une ample tunique. Des cheveux d'un auburn un peu déteint bouffant sous l'effet d'un brushing léonin. Mais, surtout, cette bienveillance maternelle qu'on aime à trouver le soir, quand, par définition, on a d'une façon ou d'une autre à se consoler du jour.
Le patron, absent hier soir, est là ce soir. Vêtu d'une chemise saumon pâle, claudiquant, il allume un téléviseur dans un coin de la salle vers 21 heures, et il écoute, sans le regarder, un match de box.
Assis sur un tabouret haut à une table ronde, un homme de soixante-dix ans, net d'allure dans sa chemise de bûcheron, lit un gros livre en sirotant des bières et des schnaps. A une table longue, cinq femmes dans la soixantaine, bien mises, de façon un peu vieillotte, à telle point que deux d'entre elles semblent sortir d'un roman de Döblin ou du film Cabaret, papotent en descendant des pintes de Pilsener. (Elle est vraiment incroyablement légère, on ne la sent pas passer, je ne me souviens que d'une bière plus agréablement légère, celle qu'on servait dans cette taverne de Bolzano, dans le Haut-Adige, et que les patrons brassent eux-mêmes sur place.) Je ne sais quelle station FM rétro diffuse "Jamais le dimanche" en allemand, "Que sera" chanté par Doris Day, et cette chanson que j'ai déjà entendue hier, et qui dit "Gute Nacht, Freunde, es wird Zeit für mich zu gehen, was ich noch zu sagen hätte, dauert eine Zigarette und ein letztes Glas im Stehen, für den Tag, für die Nacht unter eurem Dach habt Dank, für den Platz an eurem Tisch, für jedes Glas, das ich trank..." - une chanson sentimentale à la mode germanique, mais que j'aime bien.
Photo: Porte de Brandebourg, ce matin, 8 heures.
Je suis retourné ce soir dans la taverne dont je parlais hier soir. J'ai eu le plaisir de constater que j'y avais déjà le rang d'un habitué. Sitôt assis, la serveuse d'hier me demande d'entrée de jeu "Une grande Berliner Kindl?". Cette serveuse est à elle toute seule un roman. Une femme sur la cinquantaine, boulotte, ce qu'elle cache tant bien que mal sous une ample tunique. Des cheveux d'un auburn un peu déteint bouffant sous l'effet d'un brushing léonin. Mais, surtout, cette bienveillance maternelle qu'on aime à trouver le soir, quand, par définition, on a d'une façon ou d'une autre à se consoler du jour.
Le patron, absent hier soir, est là ce soir. Vêtu d'une chemise saumon pâle, claudiquant, il allume un téléviseur dans un coin de la salle vers 21 heures, et il écoute, sans le regarder, un match de box.
Assis sur un tabouret haut à une table ronde, un homme de soixante-dix ans, net d'allure dans sa chemise de bûcheron, lit un gros livre en sirotant des bières et des schnaps. A une table longue, cinq femmes dans la soixantaine, bien mises, de façon un peu vieillotte, à telle point que deux d'entre elles semblent sortir d'un roman de Döblin ou du film Cabaret, papotent en descendant des pintes de Pilsener. (Elle est vraiment incroyablement légère, on ne la sent pas passer, je ne me souviens que d'une bière plus agréablement légère, celle qu'on servait dans cette taverne de Bolzano, dans le Haut-Adige, et que les patrons brassent eux-mêmes sur place.) Je ne sais quelle station FM rétro diffuse "Jamais le dimanche" en allemand, "Que sera" chanté par Doris Day, et cette chanson que j'ai déjà entendue hier, et qui dit "Gute Nacht, Freunde, es wird Zeit für mich zu gehen, was ich noch zu sagen hätte, dauert eine Zigarette und ein letztes Glas im Stehen, für den Tag, für die Nacht unter eurem Dach habt Dank, für den Platz an eurem Tisch, für jedes Glas, das ich trank..." - une chanson sentimentale à la mode germanique, mais que j'aime bien.
Photo: Porte de Brandebourg, ce matin, 8 heures.
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