Je lis depuis hier les mémoires de Nadedja Mandelstam, femme du poète Ossip Mandelstam, dont l'édition anglaise que je me suis procuré a paru en 1970 sous le titre Hope against Hope.
Ossip Mandelstam, victime de la répression stalinienne, est mort lors de son transport vers un camp de travail en 1938.
C'est l'histoire de toutes les épreuves ayant précédé la mort du poète - arrestation, prison, exil intérieur qu'elle a partagé avec lui, puis nouvelle arrestation suivie de la condamnation au goulag - que Nadedja Mandelstam raconte dans ces mémoires, d'un ton sobre et retenu, qui n'en donne que plus de force à son témoignage.
Un témoignage qu'il faut d'autant plus lire que, comme elle le dit elle-même, "l'élimination des témoins faisait partie du programme", et qu'il ne faut pas que la mémoire se perde de ce que la répression de ces années-là a pu être.
Nadedja Mandelstam nous décrit une société en proie à un pouvoir arbitraire, qu'aucune loi ne vient restreindre (même s'il se complaît à maintenir une façade légale, faisant même montre dans bien des cas d'un formalisme pointilleux, au point de faire assister des témoins censés garantir le respect des procédures aux arrestations nocturnes de la Tchéka) ; une société dominée par la peur, où quiconque peut être à tout moment arrêté, puis emprisonné, torturé, déporté, exilé ou exécuté sous des chefs d'accusation aussi vagues que celui d'activités contre-révolutionnaires ; où la délation est encouragée par les autorités ; où la suspicion s'immisce dans tous les rapports humains, y compris entre parents et amis proches ; où les principes moraux les plus élémentaires sont bafoués au nom de la construction de la société nouvelle. Et où l'on peut mourir en déportation et être jeté à la fosse commune pour avoir écrit un poème de seize lignes dénonçant les crimes de Staline, seul crime dont Ossip Mandeltsam fût coupable. Il est vrai qu'on pouvait à l'époque être condamné à mort pour moins : pour rien.
Illustration ci-dessus: Portrait d'Ossip Mandelstam, par Picasso
Ossip Mandelstam, victime de la répression stalinienne, est mort lors de son transport vers un camp de travail en 1938.
C'est l'histoire de toutes les épreuves ayant précédé la mort du poète - arrestation, prison, exil intérieur qu'elle a partagé avec lui, puis nouvelle arrestation suivie de la condamnation au goulag - que Nadedja Mandelstam raconte dans ces mémoires, d'un ton sobre et retenu, qui n'en donne que plus de force à son témoignage.
Un témoignage qu'il faut d'autant plus lire que, comme elle le dit elle-même, "l'élimination des témoins faisait partie du programme", et qu'il ne faut pas que la mémoire se perde de ce que la répression de ces années-là a pu être.
Nadedja Mandelstam nous décrit une société en proie à un pouvoir arbitraire, qu'aucune loi ne vient restreindre (même s'il se complaît à maintenir une façade légale, faisant même montre dans bien des cas d'un formalisme pointilleux, au point de faire assister des témoins censés garantir le respect des procédures aux arrestations nocturnes de la Tchéka) ; une société dominée par la peur, où quiconque peut être à tout moment arrêté, puis emprisonné, torturé, déporté, exilé ou exécuté sous des chefs d'accusation aussi vagues que celui d'activités contre-révolutionnaires ; où la délation est encouragée par les autorités ; où la suspicion s'immisce dans tous les rapports humains, y compris entre parents et amis proches ; où les principes moraux les plus élémentaires sont bafoués au nom de la construction de la société nouvelle. Et où l'on peut mourir en déportation et être jeté à la fosse commune pour avoir écrit un poème de seize lignes dénonçant les crimes de Staline, seul crime dont Ossip Mandeltsam fût coupable. Il est vrai qu'on pouvait à l'époque être condamné à mort pour moins : pour rien.
Illustration ci-dessus: Portrait d'Ossip Mandelstam, par Picasso
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