"It was the best of times, it was the worst of times..."
Charles Dickens. A Tale of Two Cities.


lundi 27 octobre 2008

Quelques notes sur le consumérisme


Montesquieu nous dit dans l'Esprit des lois qu'à chaque régime politique correspond un type humain particulier, une certaine disposition psychologique. Ainsi, pour fonctionner, le despotisme a besoin d'entretenir la peur chez ses sujets tandis que la démocratie ne peut perdurer qu'autant que ses citoyens sont animés par la vertu (au sens politique, antique du terme: sobriété des moeurs, souci du bien commun etc.). Bref, pour emprunter la métaphore qu'employait Althusser dans son petit livre sur Montesquieu, le despotisme marche à la peur et la démocratie marche à la vertu, de la même façon qu'on dit qu'un moteur marche à l'essence. On peut dire de la même façon que la disposition psychologique propre au capitalisme de notre époque est le consumérisme, autrement une certaine disposition subjective à réduire à la consommation de marchandises la satisfaction de toutes les aspirations humaines. Notons que cela n'a pas été le cas à toutes les phases du capitalisme. Le capitalisme du XIXe siècle n'est pas consumériste, en ce qu'il ne table pas encore sur la consommation des salariés pour l'accumulation du capital. On peut dater le stade consumériste du capitalisme du moment où Ford prononce sa fameuse déclaration, selon laquelle il paie ses ouvriers pour acheter ses voitures. A partir de ce moment-là seulement, le moteur du capitalisme devient la consommation de ces mêmes salariés qu'il exploite dans le processus de production, à partir de ce moment-là seulement il devient important de favoriser autant que faire se peut le désir de consommation.


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