A l'occasion de l'attribution du prix Nobel à Le Clezio, Le Temps publie dans son édition d'aujourd'hui un florilège de déclarations sur différents sujets faites par l'écrivain au fil des ans.
L'une, qui concerne la Guerre d'Algérie, retient mon attention: "Je crois que cette guerre - dit Le Clézio dans une interview publiée dans Le Point en 2006 - a rempli tous ceux de ma génération d'une dose d'horreur telle qu'ils ont été incapables d'en parler avec objectivité". Il "régnait en France - poursuit-il - un racisme anti-arabe des plus répugnants, dont je ne peux m'empêcher de ressentir la résurgence aujourd'hui".
Il me semble que de telles déclarations viennent nous rappeler à point nommé la virulence du racisme dans la France de ces années-là. L'antiracisme s'est à ce point imposé dans l'espace public aujourd'hui, que le racisme, s'il n'a pas disparu, loin s'en faut (et la déclaration de Le Clézio sur sa résurgence en témoigne), ne peut plus s'exprimer à visage découvert : il ne peut se manifester que de façon détournée, sur un mode pour ainsi dire subtil et allusif.
Le racisme de la France des années 50, qui était malheureusement partagée par la majorité de la population, s'exprimait quant à lui tout ce qu'il y a de plus ouvertement. Les mots "bicot", "bougnoule", "raton" avaient alors droit de cité dans le vocabulaire.
On comprend dès lors comment la minorité parmi les Français de l'époque à qui cette bonne conscience de ses concitoyens dans la haine et l'exécration répugnait, a pu, à la façon de Le Clézio, gardé un souvenir brûlant de cette période. Il ne s'agit pas, ainsi que certains le voudraient, de "haine de soi", mais, ce qui est bien différent, d'une "honte de soi", qui, bien comprise, est le meilleur moyen de se prémunir contre de telles dérives à l'avenir.
L'une, qui concerne la Guerre d'Algérie, retient mon attention: "Je crois que cette guerre - dit Le Clézio dans une interview publiée dans Le Point en 2006 - a rempli tous ceux de ma génération d'une dose d'horreur telle qu'ils ont été incapables d'en parler avec objectivité". Il "régnait en France - poursuit-il - un racisme anti-arabe des plus répugnants, dont je ne peux m'empêcher de ressentir la résurgence aujourd'hui".
Il me semble que de telles déclarations viennent nous rappeler à point nommé la virulence du racisme dans la France de ces années-là. L'antiracisme s'est à ce point imposé dans l'espace public aujourd'hui, que le racisme, s'il n'a pas disparu, loin s'en faut (et la déclaration de Le Clézio sur sa résurgence en témoigne), ne peut plus s'exprimer à visage découvert : il ne peut se manifester que de façon détournée, sur un mode pour ainsi dire subtil et allusif.
Le racisme de la France des années 50, qui était malheureusement partagée par la majorité de la population, s'exprimait quant à lui tout ce qu'il y a de plus ouvertement. Les mots "bicot", "bougnoule", "raton" avaient alors droit de cité dans le vocabulaire.
On comprend dès lors comment la minorité parmi les Français de l'époque à qui cette bonne conscience de ses concitoyens dans la haine et l'exécration répugnait, a pu, à la façon de Le Clézio, gardé un souvenir brûlant de cette période. Il ne s'agit pas, ainsi que certains le voudraient, de "haine de soi", mais, ce qui est bien différent, d'une "honte de soi", qui, bien comprise, est le meilleur moyen de se prémunir contre de telles dérives à l'avenir.
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