La dernière mouture du texte portant réforme du système d'immatriculation automobile, qui vient d'être rendue publique aujourd'hui, est un condensé de toute la bêtise byzantine dont notre époque est capable. Rappelons que dans sa première version ce texte prévoyait l'abolition pure et simple de l'indication du département sur les plaques minéralogiques.
Cela n'a pas manqué de susciter un tollé, dont les raisons peuvent se comprendre d'ailleurs: le numéro d'immatriculation a beau être un numéro, il n'en pas moins devenu avec le temps, comme je le disais hier, un symbole identitaire, et on peut comprendre que les gens y soient attachés.
On se demande même comment les auteurs du texte n'avaient pas su anticiper ces réactions, d'autant plus qu'elles s'étaient déjà produites dans des pays ayant introduit des modifications analogues, l'Italie par exemple, où l'indication des deux lettres correspondant au nom de la province d'appartenance des automobilistes avait fini par être réintroduite.
Mais voici maintenant que le ministère de l'Intérieur, dans son nouveau texte, rendu public aujourd'hui, non seulement fait marche arrière devant les réactions de l'opinion publique, mais, comme le veut notre époque, en rajoute dans le n'importe quoi identitaire. On nous annonce ,en effet, non seulement qu'en définitive l'indication du département sera obligatoire, mais que chaque automobiliste sera libre de choisir à sa guise, selon les affinités, le département figurant sur sa plaque. Notez déjà le paradoxe: il s'agira d'une indication obligatoire, même si elle ne remplira aucune fonction administrative puisque son contenu sera laissé à la fantaisie des automobilistes. La chose est déjà assez ubuesque en elle-même, pour peu qu'on y pense.
Mais ce que trahit cette mesure, c'est surtout l'immense confusion qui règne à nos époque concernant la catégorie même d'identité. Ce qui triomphe ici, ce qui reçoit le sceau de la loi, c'est l'idée que l'identité est le fruit d'une pure élection personnelle, qu'elle n'a aucun fondement dans la réalité des choses. Jusqu'à présent, une voiture portait le numéro du département où son propriétaire résidait. Celui-ci pouvait certes avoir laissé son coeur dans son département d'origine ou avoir un département de prédilection où il espérait couler ses vieux jours. Mais c'était là une affaire purement subjective. Sa plaque minéralogique n'était rien d'autre qu'une expression du principe de réalité: quel que soit le département que tu préfères, lui disait-elle, c'est ici que tu habites. Et notons que la séparation du principe de réalité et du principe de plaisir n'est pas répressive en tant que telle: bien au contraire, c'est seulement après avoir reconnu la réalité que le désir peut définir les moyens de sa réalisation. C'est parce que ma plaque d'immatriculation me rappelle à la réalité du lieu où je vis, que je peux décider à un moment donné d'en changer. Maintenant, le nouveau système nous introduit à cette déréalité caractéristique de notre époque, une sorte d'entre-deux, de no man's land entre le désir et la réalité, qui n'est en fait que le signe d'une infantilisation généralisée.
Cela n'a pas manqué de susciter un tollé, dont les raisons peuvent se comprendre d'ailleurs: le numéro d'immatriculation a beau être un numéro, il n'en pas moins devenu avec le temps, comme je le disais hier, un symbole identitaire, et on peut comprendre que les gens y soient attachés.
On se demande même comment les auteurs du texte n'avaient pas su anticiper ces réactions, d'autant plus qu'elles s'étaient déjà produites dans des pays ayant introduit des modifications analogues, l'Italie par exemple, où l'indication des deux lettres correspondant au nom de la province d'appartenance des automobilistes avait fini par être réintroduite.
Mais voici maintenant que le ministère de l'Intérieur, dans son nouveau texte, rendu public aujourd'hui, non seulement fait marche arrière devant les réactions de l'opinion publique, mais, comme le veut notre époque, en rajoute dans le n'importe quoi identitaire. On nous annonce ,en effet, non seulement qu'en définitive l'indication du département sera obligatoire, mais que chaque automobiliste sera libre de choisir à sa guise, selon les affinités, le département figurant sur sa plaque. Notez déjà le paradoxe: il s'agira d'une indication obligatoire, même si elle ne remplira aucune fonction administrative puisque son contenu sera laissé à la fantaisie des automobilistes. La chose est déjà assez ubuesque en elle-même, pour peu qu'on y pense.
Mais ce que trahit cette mesure, c'est surtout l'immense confusion qui règne à nos époque concernant la catégorie même d'identité. Ce qui triomphe ici, ce qui reçoit le sceau de la loi, c'est l'idée que l'identité est le fruit d'une pure élection personnelle, qu'elle n'a aucun fondement dans la réalité des choses. Jusqu'à présent, une voiture portait le numéro du département où son propriétaire résidait. Celui-ci pouvait certes avoir laissé son coeur dans son département d'origine ou avoir un département de prédilection où il espérait couler ses vieux jours. Mais c'était là une affaire purement subjective. Sa plaque minéralogique n'était rien d'autre qu'une expression du principe de réalité: quel que soit le département que tu préfères, lui disait-elle, c'est ici que tu habites. Et notons que la séparation du principe de réalité et du principe de plaisir n'est pas répressive en tant que telle: bien au contraire, c'est seulement après avoir reconnu la réalité que le désir peut définir les moyens de sa réalisation. C'est parce que ma plaque d'immatriculation me rappelle à la réalité du lieu où je vis, que je peux décider à un moment donné d'en changer. Maintenant, le nouveau système nous introduit à cette déréalité caractéristique de notre époque, une sorte d'entre-deux, de no man's land entre le désir et la réalité, qui n'est en fait que le signe d'une infantilisation généralisée.
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