Comment, me demandais-je dans l'article précédent en commentant un texte de Renan, comment concilier les impératifs contradictoires de la mémoire et de l'oubli? Peut-être une esquisse de réponse peut-elle se trouver dans un film récent d'Annemarie Jacir, Le Sel de la mer, qui a pour thème le conflit israélo-palestinien. A la femme israélienne qui habite en propriétaire la maison qui appartenait autrefois à son grand-père et qu'il a perdue du fait de son expulsion au moment de la guerre de 1948, Soraya, une jeune fille d'origine palestinienne en vient à dire à un certain moment: "Cette maison m'appartient. Si vous voulez, vous pouvez rester, mais reconnaissez au moins qu’elle m’appartient." Cela m'amène à penser que, paradoxalement, la condition de l'oubli réside peut-être dans la capacité à se mettre d'accord sur une mémoire commune. Pour que le passé passe véritablement et une fois pour toutes entre deux anciens ennemis, il faudrait par conséquent qu'il y ait entre eux un consensus minimum sur leurs droits et leurs torts respectifs dans le conflit qui les a opposés, autrement dit que la victime du tort, à défaut d'être rétablie dans la plénitude de ses droits, se voie au moins symboliquement reconnue dans sa qualité de partie lésée. Pour que l'un puisse oublier les torts reçus, il faudrait donc en quelque sorte que l'autre accepte de se charger de leur mémoire.
vendredi 17 octobre 2008
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