"It was the best of times, it was the worst of times..."
Charles Dickens. A Tale of Two Cities.


vendredi 9 janvier 2009

Vertigo

Me voici donc plongé depuis quelques jours parallèlement dans la biographie de Napoléon par Tulard et le Mémorial de Sainte-Hélène de Las Cases.
On sait que ce dernier est sujet à caution, soit que Las Cases ait mis dans la bouche de Napoléon en exil des idées ses propres idées, soit que Napoléon lui-même, pas vraiment un débutant en matière de propagande, sachant que d'une façon ou d'une autre les propos qu'il tenait à Las Cases finiraient par être publiés, ait cru expédient de se montrer sous un jour propre à lui attirer la sympathie des milieux libéraux anglais, ce qui pourrait se traduire par un adoucissement du régime auquel il était soumis dans son exil, soit encore que ce même Napoléon ait cherché à laisser à la postérité une image plus flatteuse etc.
Ce sont là les interprétations qu'on donne en général du Mémorial.
Et certes, on en vient à se demander une fois de plus en quoi consiste la vérité, et la vérité historique la première, tant il est vrai qu'elle n'est au bout du compte que la résultante de forces qui s'affrontent pour imposer leur récit etc.
Mais le Mémorial me plonge dans des abîmes de perplexité qui vont bien au-delà de cela.
Car je ne suis pas loin de croire que Las Cases est plus fidèle qu'on ne l'a dit dans le compte-rendu qu'il fournit des réflexions de Napoléon. Et je me dis plutôt que l'opposition apparemment irréconciliable entre les principes affichés par Napoléon en exil (libéralisme foncier, respect des nationalités) et la politique effectivement pratiquée par l'empereur en son temps, ne s'expliquent pas forcément par la duplicité, le bluff etc., mais bien plutôt par le fait que nous ne sommes jamais pleinement conscients de ce que nous faisons et de pourquoi nous le faisons, et que donc, en toute sincérité, nous pouvons nous-mêmes gloser des années durant sur nos motifs supposés, sans jamais pouvoir nous rendre compte à nous-mêmes de nos mobiles.

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